Les députés et candidats défaits du Bloc québécois se sont réunis hier à Laval pour faire le post-mortem des élections du 2 mai et mettre en place les bases de la «relance» du parti. Ceux qui s'étaient empressés de rédiger le certificat de décès du parti devront se raviser: le Bloc n'est pas mort.

Les députés et candidats défaits du Bloc québécois se sont réunis hier à Laval pour faire le post-mortem des élections du 2 mai et mettre en place les bases de la «relance» du parti. Ceux qui s'étaient empressés de rédiger le certificat de décès du parti devront se raviser: le Bloc n'est pas mort.

Vrai, Gilles Duceppe l'a admis avec dignité hier: les Québécois ont rejeté son parti. Mais, a-t-il fait remarqué avec raison, les électeurs ne pensent pas de mal du Bloc. Leur vote pour le NPD ne résultait pas d'une colère ou d'une déception profonde à l'endroit du parti souverainiste.

Avec quatre députés sans statut de parti officiel, le Bloc aura du mal à faire sa place dans les débats au parlement. Néanmoins, les médias du Québec continueront de s'intéresser aux interventions des bloquistes. Le Bloc jouit d'une importante base militante; il bénéficiera encore pour quelque temps des subventions d'Ottawa. Les personnes dont il est question pour remplacer M. Duceppe sont des gens solides, capables de préserver la crédibilité du Bloc. En somme, bien que grièvement blessé, le parti fondé par Lucien Bouchard devrait être en mesure de vivoter jusqu'au prochain scrutin. Il suffirait alors que l'électorat soit déçu de la performance du caucus orange pour qu'il revienne au parti qui «parle Qc».

Tout comme le Bloc, le Parti libéral «en a mangé toute une». D'ailleurs, l'avenir du PLC paraît encore plus incertain que celui du Bloc québécois. Alors que l'identité de ce dernier est bien établie et incontestée, celle du Parti libéral est floue. Si les néo-démocrates font un bon travail comme opposition officielle, il n'y aura plus de place au centre entre le Parti conservateur et le parti de Jack Layton. De plus, les questions qui ont longtemps fait la force des libéraux - l'unité nationale, un gouvernement national fort, le multiculturalisme - ou bien ne sont au coeur des préoccupations des électeurs, ou bien ont été récupérées par les autres partis.

Enfin, le PLC n'a plus de base régionale. Comme l'écrivait récemment dans nos pages le politologue Matthew Mendelsohn, les libéraux «ont perdu l'Ouest canadien dans les années 70 et le Québec francophone dans les années 80 et 90. Ils viennent maintenant de perdre leur base parmi les Néo-Canadiens des banlieues de Vancouver et de Toronto». Enfin, on l'a vu hier à l'occasion de la première réunion postélectorale du caucus, le Parti libéral est aux prises avec des conflits internes qui refont surface à tout moment.

La leçon du 2 mai, c'est qu'en politique au Canada, tout peut arriver. Bien malin celui qui pense savoir lequel du Bloc québécois ou du Parti libéral du Canada sera en meilleure santé dans quatre ans.