Selon le sondage Angus Reid publié hier par La Presse, le NPD aurait obtenu 24% des votes au Québec si les élections fédérales avaient eu lieu cette semaine. De plus, parmi les chefs de parti, Jack Layton est de loin celui qui, de l'avis des Québécois, ferait le meilleur premier ministre du Canada (36% contre 15% pour M. Harper et 10% pour M. Ignatieff).

La réalité n'est sans doute pas aussi rose, mais il reste que la moyenne des sondages réalisés au cours des derniers jours accorde au NPD 18% des intentions de vote au Québec. Si ces intentions se confirment le 2 mai prochain, les néo-démocrates auront recueilli ici le meilleur score de leur histoire. Évidemment, rien n'est assuré; dans les semaines précédant le vote, le NPD et ses chefs (pensons à David Lewis et à Ed Broadbent) ont souvent bénéficié d'un fort capital de sympathie; celui-ci ne s'est jamais traduit par autant d'appuis le jour du scrutin.

Les choses pourraient se passer autrement ce printemps. M. Layton est appuyé par un lieutenant québécois solide et infatigable, Thomas Mulcair. De plus, on sent une certaine fragilité dans l'électorat traditionnel du Bloc québécois; une partie de celui-ci pourrait être tentée de voter NPD.

Qu'est-ce donc qui attire tant de Québécois vers ce parti qui n'a jamais eu plus qu'un député dans la province? Sans doute apprécient-ils son approche sociale généreuse. Comme il n'y a aucune chance que le parti soit porté au pouvoir, il importe peu que ses promesses soient irréalistes ou que le NPD envisage de mettre les pieds, les mains et le nez dans les domaines de compétence provinciale (avec une exception pour le Québec, il faut le dire). Par exemple, M. Layton a promis mercredi d'inclure les soins de longue durée aux personnes âgées dans la Loi canadienne sur la santé. Une telle mesure imposerait aux gouvernements provinciaux d'énormes obligations financières alors qu'elles peinent, même après une hausse substantielle des transferts fédéraux, à offrir les services présentement assurés. M. Layton s'est aussi engagé à aider les provinces à embaucher 1200 médecins de plus et «des milliers d'infirmiers et d'infirmières praticiennes» au cours de la prochaine décennie. «Je ferai en sorte de diriger les médecins et les infirmières là où on en a besoin», a lancé le chef du NPD vendredi dernier, comme s'il allait trouver une solution à ce problème qui hante les ministres provinciaux de la Santé depuis des lunes.

Le Nouveau Parti démocratique offre une solution de rechange aux électeurs québécois qui préfèrent l'idéalisme de l'opposition au pragmatisme du pouvoir. Toutefois, pour ceux qui souhaitent voir les conservateurs chassés du pouvoir, un vote pour le NPD, comme un vote pour le Bloc québécois, aura autant d'effet qu'un coup d'épée dans l'eau.