Dans sa Question du jour hier, Cyberpresse demandait à ses lecteurs si Noël a toujours un sens religieux pour eux. Plus de 60% des participants ont répondu par la négative.

Dans sa Question du jour hier, Cyberpresse demandait à ses lecteurs si Noël a toujours un sens religieux pour eux. Plus de 60% des participants ont répondu par la négative.

Une enquête d'opinion publique réalisée en 2006, scientifique celle-là, révélait que 68% des Québécois considèrent la journée de Noël d'abord comme celle des enfants et de la famille. Seulement 8,9% des personnes interrogées donnaient priorité à l'aspect religieux de la fête.

Comme des millions d'occidentaux, les Québécois ont désacralisé le 25 décembre. Nous avons décrété que Noël et ses objets, ses rites, se chants, n'étaient plus que culturels. Nous avons évacué la religion catholique, mais en avons gardé l'enveloppe, les apparences. Et à ces traditions nous tenons comme la prunelle de nos yeux. Gare à ceux qui voudront interdire le sapin dans tel lieu public!

Noël n'est pourtant pas une fête chrétienne banale. Après Pâques, c'est la plus importante. La Bible raconte qu'un ange a annoncé à de simples bergers: «Aujourd'hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur.» «C'est une nouvelle qui ne peut nous laisser indifférents. Si elle est vraie, tout est changé», affirmait Benoît XVI dans son homélie du 24 décembre l'an dernier.

Pour la plupart d'entre nous, la nouvelle n'est que fumisterie. Cela étant, notre attitude face à Noël est pour le moins paradoxale. Nous réussissons, apparemment sans mal aucun, à nous passer de Dieu, en tout cas du Dieu des chrétiens. Mais il nous est impossible de vivre sans Noël, sans sapin, sans crèche, sans «Minuit chrétiens!»

Puisque nous sommes athées, pourquoi ne pas faire le ménage de toutes ces traces de l'ancien culte? Craignons-nous le vide immense que nous aurions sous les yeux? En nous accrochant à ces traditions, nous accrochons-nous aussi à quelque chose de plus profond, que nous ne pouvons pas définir, nommer, admettre même?

Dans son blogue ce matin, notre collègue Ariane Krol s'interroge sur l'esprit de Noël. «Si le sens de Noël est évident pour les enfants, qui s'en font une joie des semaines à l'avance, il l'est souvent beaucoup moins pour les adultes», souligne-t-elle. Plusieurs diront que c'est la fête des enfants, de la famille. D'autres parleront de charité ; les dons aux organismes de bienfaisance augmentent à cette période de l'année. Les croyants ne feront qu'ajouter à ces valeurs une dimension spirituelle, l'importance de la famille et de la compassion étant évidemment centrales pour les chrétiens. À Noël, le fossé entre croyants et non-croyants se comble. La nouvelle change tout.