Depuis que l'ouragan ayant balayé la finance mondiale s'est apaisé, le commun des mortels ne prête plus attention à ce qui se passe dans cet univers à la fois complexe et crucial pour l'économie réelle. Pourtant, les répercussions de la crise continuent de s'y faire sentir, notamment sous forme d'une réglementation plus sévère.

Depuis que l'ouragan ayant balayé la finance mondiale s'est apaisé, le commun des mortels ne prête plus attention à ce qui se passe dans cet univers à la fois complexe et crucial pour l'économie réelle. Pourtant, les répercussions de la crise continuent de s'y faire sentir, notamment sous forme d'une réglementation plus sévère.

En fin de semaine, le Comité de Bâle, qui regroupe les gouverneurs des banques centrales de 27 pays, a adopté de nouvelles règles sur la capitalisation des banques. Les règles (dites de Bâle III) devraient faire en sorte que ces institutions seront mieux en mesure de faire face à une détérioration soudaine de la conjoncture financière.

Le ratio des fonds propres aux actifs sera graduellement haussé de 2% à 4,5%. Un coussin de 2,5% est ajouté, de sorte que le ratio de solvabilité total sera de 7 % d'ici le 1er janvier 2019. La définition de fonds propres a aussi été resserrée afin de s'assurer que les capitaux en question soient de la meilleure qualité possible. Enfin, le Comité a annoncé qu'il mettra à l'essai un nouveau ratio visant à limiter le recours à l'effet de levier.

La plupart des acteurs et observateurs du milieu financier ont accueilli favorablement l'entente conclue à Bâle. Toutefois, plusieurs estiment que le Comité a trop cédé au lobby des banquiers, notamment en ce qui a trait à l'échéancier : la transition s'étendra sur huit ans. Peut-être ce délai est-il trop long . Néanmoins, on peut se réjouir du fait que les banques seront graduellement mieux capitalisées. Elles seront aussi incitées à prendre un peu moins de risques.

Les banques canadiennes étant déjà bien capitalisées, la réforme aura peu d'impact sur leurs activités. Cela ne signifie pas que ces changements ne nous concernent pas, comme l'a souligné hier, à Berlin, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney : «Dans des économies ouvertes comme celles de l'Allemagne et du Canada, une réduction de l'incidence des crises d'origine étrangère est même plus importante que les avantages intérieurs.»

Au rythme de ces difficiles négociations, les autorités financières s'attaquent à chacun des facteurs ayant contribué à la crise financière de 2008 et à la récession qui s'en est suivie. Il reste du pain sur la planche. Par exemple, on ne s'est pas encore entendu sur les exigences à imposer aux banques d'importance systémique, celles que les gouvernements ne pourraient pas se permettre de laisser faire faillite.

Tout cela dit, la nouvelle réglementation, aussi sévère soit-elle, ne modifiera pas les causes profondes de la crise. Celles-ci résident dans la nature de l'homo economicus, excessivement sensible à l'appât du gain, souvent insouciant face au risque et presque toujours surendetté.