La nouvelle a moins fait jaser que les élucubrations de Marc Bellemare et les difficultés de Tiger Woods. Elle n'en est pas moins importante et, surtout, inquiétante. La société Financière Manuvie a annoncé des pertes de 2,4 milliards pour le deuxième trimestre de l'année, pertes encore plus lourdes que celles subies au beau milieu de la récente crise financière.

La nouvelle a moins fait jaser que les élucubrations de Marc Bellemare et les difficultés de Tiger Woods. Elle n'en est pas moins importante et, surtout, inquiétante. La société Financière Manuvie a annoncé des pertes de 2,4 milliards pour le deuxième trimestre de l'année, pertes encore plus lourdes que celles subies au beau milieu de la récente crise financière.

Pourquoi s'en préoccuper? Parce que la Financière Manuvie a été pendant plusieurs années considérée comme une société particulièrement bien gérée ; ses actions étaient vues comme un investissement sûr et rentable. Des milliers de Canadiens ont acheté ses produits ou ses titres. De plus, Manuvie est devenue au cours de la dernière décennie la plus grosse société d'assurance-vie en Amérique du Nord et la cinquième plus importante de la planète.

Comme l'ensemble de l'industrie financière, les compagnies d'assurance ont été durement touchées par la crise de 2008-2009. Aujourd'hui, elles font face à des difficultés particulières en raison des faibles taux d'intérêt; ceux-ci ont pour effet d'augmenter considérablement le coût actuel de leurs obligations futures. Malgré ce boulet qu'elles doivent traîner, la plupart des sociétés sont retombées sur leurs pieds. Pas Manuvie.

Aujourd'hui dirigée par Don Guloien, Manuvie souffre de décisions prises à l'époque de son légendaire prédécesseur, Dominic D'Alessandro. Manuvie avait alors fait de très bonnes affaires en développant le secteur des rentes à capital variable. En raison des garanties qu'ils comportent et des règles comptables imposées aux compagnies d'assurance au Canada, ces produits rendent le vendeur très vulnérable à l'évolution du marché boursier. C'est d'autant plus vrai dans le cas de Manuvie parce que la direction n'était pas parvenue à trouver une manière d'en couvrir le risque avant que les marchés s'effondrent.

Certains analystes sympathisent avec M. Guloien et son équipe, sachant qu'ils ne peuvent pas réécrire l'histoire. D'autres sont plus impatients, furieux d'avoir été encore une fois pris par surprise; si on s'attendait à des pertes pour le deuxième trimestre, personne n'avait vu venir une telle catastrophe. Les investisseurs avaient déjà été pris de court l'an dernier par la diminution de 50% du dividende. Résultat de ce mécontentement: au cours de la dernière année, le titre de Manufie a perdu 40% de sa valeur.

Bien que le troisième trimestre s'annonce lui aussi difficile, la Financière Manuvie demeure une institution solide. Toutefois, si la direction ne parvient pas à sortir rapidement l'entreprise de sa mauvaise passe, la marque perdra une bonne part de la crédibilité acquise au cours des 15 dernières années.