L'Assemblée nationale débattra aujourd'hui d'une motion de l'opposition exigeant la tenue d'une enquête publique sur «l'ensemble des allégations liées à l'industrie de la construction, à l'octroi de contrats gouvernementaux, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques».

L'Assemblée nationale débattra aujourd'hui d'une motion de l'opposition exigeant la tenue d'une enquête publique sur «l'ensemble des allégations liées à l'industrie de la construction, à l'octroi de contrats gouvernementaux, de permis ou de subventions ainsi que sur le financement des partis politiques».

Nous avons souvent réclamé la tenue d'une enquête sur l'octroi des contrats publics. Par contre, à la réflexion, il n'y a pas de raison d'élargir au financement des partis le mandat d'une éventuelle commission d'enquête.

Parmi tous les scandales réels ou supposés dont il a été question au cours des derniers mois, ceux touchant le financement des partis tournent tous autour du même problème: le contournement de la loi par des entreprises grâce à des prête-noms, des employés qui sont ensuite remboursés par leur employeur. C'est un système connu depuis longtemps, dont les deux principaux partis s'étaient jusqu'ici fort bien accommodés. Dans un témoignage devant la Cour du Québec, déterré par notre collègue Yves Boisvert, un ancien président de la firme Tecsult a candidement expliqué qu'après avoir recueilli les chèques de ses cadres, «tous ces chèques-là, la plupart du temps, c'est moi qui les prenais et qui allais les livrer au parti politique». Inutile de dire qu'au PQ pas plus qu'au PLQ on ne lui a fermé la porte au nez...

Une enquête publique sur cette question ne ferait que confirmer l'étendue de ce système. À quoi bon? On ferait mieux de chercher des solutions. Or (le saviez-vous?), le gouvernement a déposé l'automne dernier un projet de loi qui représente un premier pas significatif dans la bonne direction. Loin des accusations à l'emporte-pièce et des foulards blancs, une commission parlementaire a passé plusieurs jours à étudier le projet de loi en question. Le directeur général des élections et l'opposition ont convenu du bien-fondé de plusieurs mesures.

En particulier, aucun contrat public ne pourra être accordé, pour une période de cinq ans, à une personne ou une entreprise qui aura violé la loi sur le financement des partis politiques. De quoi faire réfléchir les firmes qui prisaient le système des prête-noms.

L'opposition réclame que le plafond des contributions soit abaissé de 3000$ à 500$. On s'étonne que le PQ, qui jusqu'à récemment ne voyait rien d'excessif dans la somme de 3000$, se range tout à coup dans le camp de Québec solidaire. La personne donnant 3000$ de sa poche ne gagne pas beaucoup d'influence sur une formation politique qui en amasse des millions; le cancer vient de ce que certains versent aux partis, sous la forme de faux dons individuels, des dizaines de milliers de dollars.

L'opposition a raison: vivement une enquête sur l'octroi des contrats publics ! Cependant, pour ce qui est du financement des partis, les députés feraient mieux d'oeuvrer à l'amélioration et à l'adoption du projet de loi qu'ils ont déjà sous les yeux.