Le monde chrétien vient de célébrer Noël, la naissance de Jésus de Nazareth. Évidemment, dans bien des pays, la fête a perdu tout sens religieux. C'est la fête de la famille, des enfants.

Cette modification profonde du sens de Noël est particulièrement marquée dans le Québec des accommodements (dé)raisonnables. Pour un grand nombre de Québécois, l'expérience religieuse a été malheureuse. Ils sont contents d'avoir claqué la porte d'une Église qui leur paraît moins pertinente que jamais. Ils ne veulent surtout pas voir s'installer ici, au nom de la liberté de religion, des pratiques oppressives et rétrogrades.

 

Pourtant, moult sondages et enquêtes révèlent que les Québécois croient. Par exemple, un sondage CROP réalisé en 2000 indiquait que 85% des Québécois croyaient en Dieu et 77% en Jésus. Quarante-quatre pour cent (44%) des personnes interrogées croyaient en la réincarnation. En 2002, 61% des Québécois interrogés par la même maison disaient penser que les anges existent. En 2004, 40% des personnes questionnées par CROP disaient prier régulièrement. En 2008, une enquête réalisée auprès des Québécois âgés de 18 à 30 ans montrait que 51% des jeunes francophones croyaient en Dieu (le pourcentage atteignait 73% chez les anglophones et allophones).

Bref, si les Québécois boudent les lieux de culte, la foi, sous une forme ou sous une autre, reste présente dans leur vie. Il serait bon de garder cela à l'esprit lorsque nous envisageons les pratiques religieuses étrangères à nos racines judéo-chrétiennes. Encore aujourd'hui, le religieux semble répondre à un besoin fondamental de l'Homme. Des milliards d'être humains, de toutes origines, de tous âges, de tous métiers, trouvent un sens à leur vie dans le spirituel.

C'est en raison de l'importance qu'a toujours eue la religion dans l'histoire que la liberté de religion est protégée par les chartes des droits, y compris par la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Il faut relire l'article 18 de la Déclaration pour en saisir toute la portée:

«Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.»

L'importance de la conscience, des convictions profondes pour chaque être humain oblige à considérer les croyances de l'autre avec respect. Cela ne signifie pas qu'il faille admettre des comportements méprisant d'autres droits fondamentaux ou allant à l'encontre des valeurs essentielles de la société d'accueil. Il faut être ferme sur l'essentiel mais souple sur l'accessoire, en s'efforçant de ne pas confondre les deux. Enfin, dans la fermeté comme dans la souplesse, le respect et le dialogue s'imposent.