Le premier ministre, Jean Charest, a commencé à préparer les Québécois aux «sacrifices» qu'ils devront consentir pour que les finances publiques reviennent à l'équilibre dans quatre ans. À l'occasion du congrès des jeunes de son parti, M. Charest a évité de préciser en quoi consisteraient ces sacrifices, mais il suffit de relire le dernier budget pour comprendre qu'il n'y a pas d'échappatoire possible.

Déposé en mars, le document prévoyait un déficit de 3,9 milliards cette année, grimpant à 6 milliards en 2012-2013 et 2013-2014. Ce plongeon dans le rouge a peu à voir avec les mesures de relance annoncées à cette occasion. Il reflète plutôt un problème structurel: les dépenses et la dette du gouvernement du Québec augmentent plus vite que la capacité (et la volonté) de payer des Québécois.

 

Le budget a mis en place un plan de retour à l'équilibre. Ce plan prévoit notamment que la croissance des dépenses du gouvernement sera limitée à 3,2% pendant quatre ans à compter de l'an prochain. Une croissance aussi faible signifie que les dépenses de santé et d'éducation augmenteront beaucoup moins rapidement que ça n'est le cas depuis trois ans tandis que les autres postes de dépenses seront pratiquement gelés.

La TVQ augmentera d'un point à compter du premier janvier 2011. D'autres mesures, non précisées mais chiffrées à 3,8 milliards, permettront le retour du déficit zéro en 2013-2014. Parions que parmi ces mesures figurera l'augmentation de la TVQ d'un autre point (revenus additionnels: 1,2 milliard).

Où Québec ira-t-il chercher les 2,6 milliards manquants? Les tarifs? L'indexation de tous les tarifs imposés par le gouvernement, même si on ajoutait ceux des garderies, rapporterait environ 70 millions de plus par année.

Hausser les impôts, comme le suggérait hier la CSN? Une mauvaise piste pour une province qui veut créer la richesse lui permettant de préserver ses acquis sociaux.

Augmenter les tarifs d'électricité? C'est certainement la voie la plus prometteuse du point de vue financier. Le comité Montmarquette a calculé qu'une hausse des tarifs d'Hydro-Québec au niveau de la moyenne canadienne produirait 2,3 milliards. Pour les familles à faible revenu, la dépense additionnelle serait de 6,94$ par semaine, une somme qui devrait être compensée par un crédit d'impôt remboursable. Pour les ménages aisés, le débours supplémentaire s'élèverait à 789$ par année, une somme qu'ils ont les moyens de payer.

Une mesure impopulaire? Même si Québec y allait graduellement, il y aurait certainement une énorme levée de boucliers. Cependant, compte tenu de l'état des finances publiques, ceux qui nous gouvernent devront faire preuve d'audace et de courage. Le gouvernement Charest est en début de mandat, c'est l'occasion ou jamais.