Après trois années fastes, Hydro-Québec ressent les effets de la récession. Dans son Plan stratégique 2009-2013, publié hier, la société d'État a révisé à la baisse ses prévisions de ventes et de bénéfices. De quelque 3 milliards et plus par an de 2006 à 2008, le bénéfice net glissera à 2,7 milliards en 2009 et à 2,4 milliards les quatre années suivantes. Conséquemment, les dividendes versés au gouvernement du Québec seront aussi en baisse, passant de 2,3 milliards en 2008 à 1,9 milliard cette année et à 1,7 milliard de 2010 à 2013. Ces centaines de millions manquants, le ministre des Finances, Raymond Bachand, en aurait pourtant grand besoin!

Hydro-Québec ne pouvait évidemment pas échapper à la crise. Ses ventes aux industries ont chuté, notamment en raison des baisses de production dans les secteurs des pâtes et papiers et de l'aluminium. Il faudra un certain temps pour que ces industries retrouvent leur rythme de croisière.

 

La rentabilité exceptionnelle d'Hydro-Québec au cours des dernières années venait en bonne partie de ses exportations. Or, la société n'est plus en mesure d'obtenir des prix aussi avantageux. Le ralentissement économique a entraîné une forte diminution de la valeur du gaz naturel, principal concurrent de l'hydroélectricité.

La demande ayant baissé, Hydro-Québec se retrouve avec des surplus substantiels. Elle trouvera sans difficulté des acheteurs en Ontario et aux États-Unis, mais les prix ne seront plus ce qu'ils étaient.

Compte tenu de cette conjoncture, Hydro-Québec aurait-elle dû mettre au rencart ou ralentir la réalisation des nombreux projets qu'elle a dans ses cartons? Non. Avec raison, les dirigeants de la société estiment que l'Amérique du Nord se tournera inéluctablement vers les énergies propres et que le Québec doit se mettre en position d'en profiter au maximum. C'est pourquoi le Plan stratégique compte parmi ses principales orientations l'augmentation de la capacité de production hydroélectrique. Les quatre centrales de la rivière Romaine seront mises en service tel que prévu de 2014 à 2020. Les études ont commencé relativement à six autres projets, représentant des investissements de plus de 10 milliards. Enfin, à long terme, Hydro envisage de nouvelles centrales dans le cadre du Plan Nord.

La vision du pdg Thierry Vandal repose sur la conviction que le transport automobile et les transports collectifs délaisseront graduellement le pétrole en faveur de l'électricité. En conséquence, Hydro-Québec s'est donné un «plan d'action en matière de transport électrique». En collaboration avec les sociétés publiques de transport, elle se penche sur des projets d'électrification des transports en commun. Avec des fabricants (Tata, Ford, General Motors), elle mène d'importants travaux de recherche sur les véhicules électriques.

Alors que la crise économique semble s'estomper, le Plan stratégique d'Hydro-Québec est résolument tourné vers l'avenir. Un avenir où l'hydroélectricité aura un rôle considérable à jouer. La vision et la stratégie sont les bonnes. Si elles se concrétisent, l'environnement en profitera. Et le Québec en profitera.

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