«Le vieux bonhomme» («the old geezer»). C'est le surnom que s'est donné le golfeur Tom Watson, 59 ans. Le «vieux» est passé à un cheveu dimanche de remporter le British Open, le tournoi le plus difficile du golf professionnel en raison du climat de la Grande-Bretagne et de la configuration particulière des terrains anglais et écossais. Watson s'est finalement incliné en trous de prolongation. Néanmoins, sa performance a beaucoup impressionné, en particulier ceux qui, au tournant de la soixantaine, commencent à sentir les effets de l'âge sur leurs os et leurs muscles.

Le fait qu'un homme de 59 ans puisse rivaliser avec les meilleurs golfeurs dans la trentaine a-t-il un sens? Est-ce la preuve que, grâce aux progrès de la médecine et à de saines habitudes de vie, rien ne sera interdit à l'humain de 50, 60, voire 70 ans?

Pas vraiment. La fin de semaine de rêve du golfeur américain est une exception. Watson, comme tous les golfeurs professionnels qui atteignent la cinquantaine, a vu ses scores se détériorer au point où il a dû se résigner à ne jouer qu'un ou deux grands tournois par an pour se consacrer au circuit senior. Sa dernière victoire dans une compétition de la PGÀ remonte à 1998.

Est-ce parce qu'il se tient en forme que le golfeur a pu jouer ces quatre magnifiques rondes? La forme de Watson est relative; outre de pratiquer ses coups, il ne s'entraîne pas de façon systématique. Le golf étant un sport d'habileté plus que de force ou d'endurance, un joueur plus âgé peut, une fin de semaine donnée, jouer aussi bien que des plus jeunes. Surtout si le terrain sollicite en particulier l'intelligence et l'expérience, comme c'était le cas pour celui de Turnberry.

Cela dit, il est vrai qu'il semble y avoir de nos jours plusieurs athlètes âgés capables de compétitionner au plus haut niveau. Le défenseur Chris Chelios, 47 ans, espère pouvoir jouer au moins une autre année dans la LNH. La nageuse olympique Dara Torres, 42 ans, a gagné trois médailles aux Jeux de Pékin et participera dans quelques jours aux championnats mondiaux de natation, à Rome. Les techniques d'entraînement et de saines habitudes de vie expliquent sans doute la longévité de certains athlètes; chez d'autres, l'explication est génétique.

L'an prochain, Tom Watson jouera dans son dernier Omnium britannique. Les règles du tournoi prévoient en effet qu'un golfeur de plus de 60 ans n'est pas admissible. Voilà un règlement qu'il faudra revoir à la lumière de la performance du «vieux bonhomme». On peut voir là une métaphore des changements qui devront s'opérer dans toutes les sphères de la société à mesure que la population vieillit. Dans le monde du travail, en particulier, les employeurs devront s'adapter pour permettre aux personnes de plus de 65 ans de continuer à travailler, ce qui sera rendu nécessaire par la pénurie de main-d'oeuvre. Toutefois, les sexagénaires ne voudront pas bosser au même rythme ou de la même façon que les plus jeunes. Il en est des travailleurs comme des golfeurs: ils ont moins d'énergie, mais plus de sagesse.