Dans une semaine, la NASA célébrera le 40e anniversaire des premiers pas de l'Homme sur la Lune. C'est le 20 juillet 1969, à 22h56, que Neil Armstrong posa le pied sur sol poussiéreux du satellite de la Terre, déclarant: «C'est un petit pas pour l'homme, mais un bond de géant pour l'humanité.»

Où étiez-vous, ce soir-là? Racontez-nous vos souvenirs. Nous publierons dans La Presse et sur Cyberpresse les anecdotes les plus intéressantes.

Notre adresse: forum@lapresse.ca .

Pour ma part, je vous souviens fort bien de ce 20 juillet. J'avais 12 ans. Les patrons du camp de vacances où je passais une partie de l'été avaient invité les jeunes à se rassembler devant une des cabanes du camp. Ils avaient sorti un téléviseur. Et c'est là, sous un ciel étoilé où l'on pouvait voir la Lune, que nous avons aussi vu à l'écran la silhouette d'Armstrong descendre l'échelle du module lunaire.

De nos jours, beaucoup de gens sont sceptiques à l'égard de l'exploration spatiale. Ils trouvent -avec raison- que ça coûte cher (budget annuel de la NASA: 19 milliards), que cet argent serait mieux investi ailleurs. Ils y voient aussi un projet essentiellement militaire, camouflé sous des atours scientifiques. C'est également vrai, en partie.

Il reste que grâce à l'exploration spatiale, l'Homme connaît beaucoup mieux l'Univers aujourd'hui qu'il y a un demi-siècle. D'abord il connaît mieux la Terre, parce qu'il l'a vue de haut. Il connaît mieux la Lune, parce qu'il a marché dessus. Il connaît mieux Mars et sait qu'il y a probablement déjà eu de l'eau sur la planète rouge. Il connaît mieux les galaxies lointaines, grâce au télescope Hubble. Etc.

Aucun doute dans mon esprit, il faut continuer. Mais continuer dans quelle direction?

La conquête de l'espace ne suscite pas le même enthousiasme qu'autrefois. Dès après Apollo 11, l'intérêt a diminué. Le programme Apollo a été prématurément abandonné.

La navette spatiale, sorte de camion de déménagement de l'espace, n'a rien de très excitant. Le véhicule s'est aussi révélé beaucoup moins fiable qu'espéré. Les deux tragédies qui ont coûté la vie à 14 astronautes ont eu raison de ce programme.

********

La NASA elle-même se demande à quelle tâche elle devrait se consacrer. En 2004, le président Bush lui a confié une nouvelle mission: retourner sur la Lune d'ici 2020, installer là une base permanente et faire de notre satellite le point de départ de la conquête de Mars.

Rapidement, des doutes ont surgi sur le bien-fondé et le réalisme de cette mission. La nouvelle fusée porteuse Ares, qui doit rendre la mission possible, souffre d'importantes défaillances techniques et coûte plus cher que prévu. Et la situation budgétaire du gouvernement des États-Unis est aujourd'hui très difficile.

Le président Obama a demandé à un comité d'experts de revoir toute la question. Il a aussi nommé un nouvel administrateur à la NASA, l'ancien astronaute Charles Bolden, dont on ne connaît pas les idées sur le sujet. Mercredi, devant le comité du Sénat devant confirmer sa nomination, M. Bolden s'est contenté de dire qu'«ensemble, nous allons retourner sur la Lune». Trouvant ses propos trop vagues, les sénateurs lui ont demandé de répondre par écrit à plusieurs questions avant qu'ils ne votent sur sa candidature.

Dans un récent rapport, des spécialistes regroupés par les National Academies ont soutenu que les États-Unis devaient poursuivre l'exploration de l'espace, y compris par le biais de vols habités «afin d'étendre l'expérience humaine à de nouveaux horizons, de défier la technologie, d'apporter aux États-Unis un prestige mondial et d'exciter l'imagination de la population.» Toutefois, ce comité a aussi invité Washington à mieux arrimer le programme spatial aux priorités du pays, notamment la lutte aux changements climatiques.

À l'époque du premier vol sur la Lune, la Guerre Froide constituait une puissante motivation pour les États-Unis et pour l'URSS. Aujourd'hui, si l'enjeu militaire et celui du prestige demeurent, l'atmosphère est très différente. Investir des dizaines de milliards pour le progrès de la connaissance ou pour «exciter l'imagination de la population», c'est beaucoup moins populaire que le faire pour montrer à l'autre superpuissance que «Nous sommes les meilleurs».

Il reste que le «petit pas» de Neil Armstrong était un événement historique, l'un des grands moments de l'exploration de l'univers pas l'Homme. À moins qu'elle ne renonce à toujours repousser les frontières (ce qui fait partie de sa nature, non?), l'humanité est condamnée à voyager dans l'espace. Il faut de la prudence, oui; de l'intelligence, certainement. Mais il faut aussi de l'audace.