Investissement Québec affirme que contrairement aux allégations du député péquiste François Legault, les gestionnaires de deux fonds d'intervention économique régionaux (FIER), des sympathisants libéraux, ont respecté les règles en vigueur. Ces FIER ont investi une part substantielle de leurs fonds hors de leur région cible et dans des entreprises dont les deux gestionnaires sont actionnaires.

Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, a raison de déplorer que le Parti québécois saute aussi rapidement aux conclusions. Mercredi, M. Legault a accusé l'ancien organisateur libéral Pietro Perrino et Valier Boivin, qu'on dit également proche du PLQ, d'être «carrément en conflit d'intérêts». Il les a aussi accusés d'avoir agi «en contravention avec les règles d'Investissement Québec». On souhaiterait que le député de Rousseau, compte tenu de son expérience des affaires et du gouvernement, fasse preuve de plus de retenue.

 

Cela dit, M. Legault pose des questions légitimes. Et il a raison de dire que «personne qui a un peu de bon sens» ne trouvera normal qu'un fonds censé aider l'économie d'une région puisse investir jusqu'à la moitié des sommes disponibles dans d'autres régions. Il saute aux yeux aussi que deux FIER ne devraient pas investir l'essentiel de leur argent dans les mêmes entreprises, comme c'est le cas pour les Fonds gérés par MM. Perrino et Boivin. D'autant plus que ceux-ci sont actionnaires des sociétés en question.

Si les règles actuelles permettent de telles incongruités, il faut changer les règles. En outre, à une époque où la gouvernance a pris une importance sans précédent, le gouvernement devrait encadrer de façon beaucoup plus stricte la composition des conseils d'administration et des comités d'investissement des FIER.

Il ne s'agit pas d'accuser MM. Perrino et Boivin d'avoir indûment tiré profit de la situation. Si les FIER sont financés aux deux tiers par des fonds publics, les deux hommes d'affaires ont eux-mêmes investi des sommes substantielles dans des entreprises en démarrage, prenant ainsi un risque important. Ils ont aussi attiré dans ces FIER des capitaux privés significatifs, ce que d'autres FIER ont toutes les misères du monde à faire.

Néanmoins, au bout du compte, les apparences sont troublantes et nuisibles pour tous les intéressés. Elles le sont d'autant plus que d'autres libéraux connus font partie de la direction d'Investissement Québec et du conseil chargé de superviser les activités des FIER.

Le gouvernement Charest déplore, à juste titre, le salissage généralisé auquel se livre le Parti québécois. Il doit pourtant admettre que l'opposition officielle n'a pas toujours tort. Et que c'est sa propre désinvolture - un mal auquel finit toujours par succomber le parti au pouvoir - qui donne prise à de telles attaques.

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