Depuis 10 jours, le Parti républicain cherche à embarrasser le président désigné Barack Obama en l'associant au gouverneur de l'Illinois, Rod Blagojevich, qui se retrouve au coeur d'une spectaculaire affaire de corruption.

M. Obama n'est pas directement mêlé au scandale. Cependant, l'affaire se passe dans sa cour politique et il existe des liens entre les deux hommes. Ce qui vient rappeler à tous ceux qui ont déjà canonisé le prochain président que celui-ci, avant d'être symbole ou sauveur, est politicien. Comme tous ceux qui pratiquent ce métier, il a dû et devra faire des compromis de toutes sortes, notamment s'associer à des individus plus ou moins recommandables.

 

Rod Blagojevich est gouverneur de l'Illinois, État où s'est établi et a fait carrière Obama, depuis 2002. Même s'il a été élu en promettant de faire maison nette à Springfield, Blagojevich et son entourage ont vite fait l'objet d'une multitude d'enquêtes au sujet de leurs pratiques, en particulier l'échange de postes dans la fonction publique pour des contributions politiques. Plusieurs proches ont été accusés et condamnés à la suite de ces enquêtes.

Le 9 décembre, Blagojevich lui-même a été arrêté. Il a été accusé de plusieurs chefs de corruption, notamment d'avoir cherché à «vendre» le siège de sénateur laissé libre par l'élection de Barack Obama à la présidence. Au cours de plusieurs conversations téléphoniques enregistrées par le FBI, le gouverneur évoque le «prix» qu'il songe à exiger, soit de généreuses contributions aux coffres de son organisation, soit un emploi bien rémunéré pour lui-même.

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Les enquêteurs ont dit n'avoir aucune indication d'une implication de M. Obama ou de son équipe dans ce stratagème. Néanmoins, on sait que le chef de cabinet du futur président, Rahm Emanuel, a eu plusieurs conversations avec son homologue au bureau du gouverneur, lui aussi accusé de corruption. Cela n'a rien de particulièrement troublant: M. Obama voulait évidemment avoir un mot à dire sur sa succession.

Le malaise s'accroît, toutefois, lorsqu'on sait qu'Emanuel est un élu de l'Illinois et a été proche de Blagojevich. De plus, l'un des principaux artisans de la campagne de Barrack Obama, le publiciste David Axelrod, a aussi fait partie de l'organisation du gouverneur. Enfin, M. Obama lui-même a participé à la première campagne de Blagojevich en 2002, puis l'a officiellement appuyé en 2006, bien que de lourds soupçons pesaient déjà sur son administration. «Rod Blagojevich a livré la marchandise pour la population de l'Illinois», soutenait le futur président à l'époque.

Les manoeuvres de Blagojevich se passant dans l'État et dans le parti où Obama et son organisation sont des joueurs de premier plan, peut-on vraiment croire qu'ils n'ont rien vu, rien entendu?

Barack Obama s'est engagé à faire état de tous les contacts qu'a eus son entourage avec le gouverneur Blagojevich. Il était prêt à le faire dès cette semaine, mais le procureur fédéral lui a demandé d'attendre pour ne pas nuire à l'enquête en cours.

Même si aucune nouvelle pièce ne s'ajoute au dossier, cette affaire aura infligé une première égratignure à la brillante armure de M. Obama. Malheureusement, il est certain qu'au fil de son mandat, il y en aura d'autres.