Le Parti libéral du Québec a remporté hier les élections, mais avec seulement une courte majorité. Il y a dans ce résultat une forme d'avertissement, à M. Charest lui-même et à son équipe.

Dans un contexte où tout les favorisait, un moment et un thème qu'ils avaient choisis, les libéraux sont loin d'avoir enregistré le triomphe espéré. Que s'est-il passé? Il est trop tôt pour donner une explication définitive.

Peut-être la crise au niveau fédéral a-t-elle eu un effet galvanisateur sur le vote nationaliste. Peut-être la popularité apparente de Jean Charest cachait-elle une méfiance persistante. Peut-être les électeurs étaient-ils encore furieux d'être appelés aux urnes alors qu'ils n'en voyaient pas la nécessité.

Quand on y songe, cette courte majorité constitue probablement le résultat idéal. Elle engendrera une certaine stabilité, mais le gouvernement ne pourra se permettre d'être arrogant ou de tenir quoi que ce soit pour acquis.

Jean Charest, qui disait avoir appris des élections de 2007, devra encore apprendre de ces résultats beaucoup plus serrés que prévus. Les Québécois lui ont confié la gouverne de la province pour traverser la crise économique. Mais il s'agit un mandat sous surveillance.

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Le Parti québécois, de Pauline Marois, redevient l'opposition officielle. Surtout, le parti gagne une quinzaine de comtés et obtient 35% du vote, un score bien supérieur à ce que laissaient présager les sondages. C'est le résultat d'une deuxième moitié de campagne solide pour Mme Marois, qui sera donc bien en selle à la tête de son parti.

Mme Marois a prouvé qu'elle pouvait mener une campagne électorale de qualité et tenir tête à quiconque dans un débat. Nul doute qu'elle fera un chef de l'opposition redoutable. D'autant qu'elle a à ses côtés une équipe aguerrie.

Il faut aussi souligner la victoire d'Amir Khadir, de Québec Solidaire, dans Mercier. Le député Khadir donnera à ce parti de gauche une visibilité accrue et lui permettra de faire connaître ses idées à une plus grande partie de l'électorat. Le débat démocratique s'en trouvera enrichi.

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Cela dit, ce sont bel et bien Jean Charest et le Parti libéral qui l'ont emporté, il ne faudrait tout de même pas l'oublier. Quand on pense à l'incroyable impopularité de M. Charest, il y a deux ans à peine, on doit louer sa ténacité. C'est la troisième fois de suite qu'il mène son parti au gouvernement, c'est en soi un exploit. Et il a réussi là où Stephen Harper a échoué, dans des circonstances similaires : son gouvernement est désormais majoritaire.

Et voici que la crise économique planétaire atteint les rives du Saint-Laurent. Il faudra faire preuve d'audace, de créativité et de courage. Un gouvernement à peine majoritaire y arrivera-t-il ? M. Charest devra gouverner comme il l'a fait depuis 2007, c'est-à-dire comme s'il était minoritaire. Ce Parlement, comme le précédent, devra en être un de coopération.

Pauline Marois et Mario Dumont ont promis hier soir au gouvernement libéral leur collaboration en cette période de crise. Au premier ministre de saisir ces mains tendues, non seulement en paroles comme il l'a fait hier soir, mais en actions. L'intérêt supérieur du Québec l'exige.