On a beaucoup parlé, au cours de la récente campagne électorale fédérale, de la pertinence du Bloc québécois. Au-delà des motifs opportunistes qui l'expliquent certainement en partie, la défection de deux députés soulève maintenant la question de la pertinence de l'Action démocratique.

Il ne s'agit pas de dresser le certificat de décès du parti de Mario Dumont. Les commentateurs l'ont fait souvent dans le passé pour voir chaque fois l'ADQ renaître de ses cendres. Au point qu'en 2007, elle est devenue l'opposition officielle à l'Assemblée nationale. Tout de même, la place du parti sur l'échiquier politique québécois paraît moins claire que jamais.

 

À l'origine, l'ADQ fut le refuge des libéraux mécontents des compromis consentis par Robert Bourassa à Charlottetown. Le parti a ensuite été brièvement souverainiste, puis a prôné un moratoire sur les référendums avant de se définir comme autonomiste. Durant tout ce temps, l'Action démocratique, c'était d'abord et avant tout le parti de Mario Dumont, qui impressionnait tout le monde par sa persévérance et par son sens de la formule.

L'ADQ a obtenu un deuxième souffle en endossant une philosophie économique de droite et en osant s'attaquer à plusieurs tabous: la place du privé en santé, le déclin démographique, les dépenses excessives du gouvernement, la dette. Le parti a donné un électrochoc salutaire au débat politique québécois.

Depuis son accession au rang de parti majeur à l'Assemblée nationale toutefois, l'ADQ se cherche. Le talent politique de M. Dumont paraît moins certain. On l'a vu encore hier: accuser les deux députés passés aux libéraux d'avoir «fait dans leurs culottes» n'est pas digne du chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.

De plus, la formation qui a toujours été fière d'être un parti de convictions en change désormais comme de chemise. C'est ainsi que cette semaine, les adéquistes ont réclamé que le gouvernement augmente ses dépenses pour contrer la récession, un positionnement franchement étonnant pour un parti depuis toujours obsédé par le fardeau de la dette publique. Quand le transfuge André Riedl affirme que l'ADQ «n'a pas de plan économique cohérent», on ne peut pas lui donner tort.

En fait aujourd'hui, rien ne paraît distinguer l'Action démocratique du Québec des deux autres grands partis provinciaux. Ni les idées ni les méthodes. L'ADQ n'offre tout simplement plus le souffle de renouveau qu'on voyait en elle autrefois.

Tout n'est évidemment pas joué. Mario Dumont reste un politicien redoutable et l'ADQ compte beaucoup d'élus et de militants de talent. Mais le temps presse. Les Québécois n'auront pas de raisons de voter pour ce parti s'il n'offre pas, comme c'était au départ son ambition, des idées nouvelles et une façon différente de faire de la politique.