Que nous ont appris les élections européennes ? Que l’extrême droite, les eurosceptiques et les populistes ont fait des gains dans certains pays, mais que la vague appréhendée n’a heureusement pas eu lieu. Que le Parlement sera plus morcelé que jamais. Et que, chose encourageante, le taux de participation a été plus élevé que prévu.

Mais ces élections ont aussi confirmé un phénomène qui semble de plus en plus significatif au sein des démocraties occidentales : les verts sont en pleine ascension et ils ont, politiquement, de bonnes raisons de voir la vie en rose.

Lors du scrutin européen, les verts ont fait des percées remarquées et même parfois historiques. Tout particulièrement en Allemagne (où ils terminent en deuxième place avec 20,5 % des voix et ont été qualifiés de grands gagnants des élections), en Irlande (15 %), en Finlande (16 %) et en France (13,5 %).

Ils ont récolté à travers l’Europe 9,2 % des voix. Ça signifie qu’au total, ils vont faire passer de 52 à 69 le nombre de sièges qu’ils occupent au Parlement européen (sur 751). 

Une vague ? Dans certains pays, indiscutablement, mais sur l’ensemble du continent, pas nécessairement. Toutefois, c’est assurément un bond en avant qu’on aurait tort de balayer du revers de la main.

Jusqu’à quel point la progression des verts en Europe est-elle le résultat d’un éveil de la conscience écologique ? Le plus sage serait de faire preuve d’une certaine prudence en tentant d’interpréter cette percée. Elle est forcément attribuable, aussi, au rejet des partis et des politiciens traditionnels.

Cela étant dit, la popularité croissante des verts a indiscutablement un lien avec la préoccupation des électeurs pour le sort de notre planète.

D’ailleurs, en Allemagne, 46 % des électeurs ont dit que la question des « craintes liées au climat » a été « centrale dans leur choix électoral ». Il s’agit d’« un bond de 26 points par rapport aux européennes de 2014 », faisait remarquer l’Agence France-Presse, citant une télévision allemande.

La tendance n’est pas qu’européenne. Au Canada aussi, les résultats des verts semblent démontrer que la protection de l’environnement est une préoccupation croissante chez les électeurs. L’arrivée d’un deuxième député du Parti vert à Ottawa – Paul Manley, élu début mai en Colombie-Britannique, a siégé pour la première fois hier – l’a une fois de plus démontré. Au cours des 24 derniers mois, on avait déjà, entre autres, assisté à des percées des verts au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard.

La question qui tue : la mobilisation croissante des électeurs, jumelée à une présence accrue des députés verts au sein des institutions démocratiques, poussera-t-elle nos dirigeants à agir avec plus de détermination sur les questions environnementales ?

S’il est difficile de répondre à cette dernière question avec certitude, on constate que les élus au pouvoir ne sont pas insensibles au verdissement ambiant.

Au Québec, l’intérêt grandissant de la CAQ pour les questions environnementales en est la preuve. Et que dire des motions récemment déposées à Ottawa tant par les libéraux que par le Nouveau Parti démocratique pour déclarer que le Canada est en « situation d’urgence climatique ».

Il y a une différence entre parler et agir, c’est bien vrai. Mais les électeurs qui réclament un virage vert ne seront pas dupes s’ils n’en voient pas la couleur assez rapidement.

En Europe comme ici, la percée des verts prend de plus en plus l’allure d’un coup de semonce. Les partis traditionnels qui courtisent les électeurs progressistes et qui ne tentent pas avec assez d’aplomb de lutter contre le dérèglement climatique jouent peut-être, désormais, un jeu politiquement dangereux.

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