L'ancien premier ministre René Lévesque «n'était qu'un pygmée». Les militants écologistes sont des «fascistes verts». Quant à la liberté, elle «ne peut tout simplement pas s'épanouir réellement sans une large dissémination des armes».

Ces idées ont été véhiculées par un proche conseiller de Maxime Bernier, Martin Masse, a révélé hier notre journaliste Marc Thibodeau. C'est troublant.

Cet ancien employé de l'Institut économique de Montréal est aujourd'hui le porte-parole du Parti populaire du Canada. On le décrit comme le bras droit de Maxime Bernier. Il a tenu de tels propos (et d'autres tout aussi controversés sur les femmes ou encore le port de signes religieux) dans un blogue entre 1999 et 2016.

Toutes les opinions ne se valent pas. Et on s'attend à plus de jugement de la part de ceux qui font partie de l'entourage des chefs des grands partis au pays. Heureusement, il dit aujourd'hui «que ses "opinions profondes" ne concernent que lui».

Mais cette affaire est d'autant plus préoccupante que les liaisons dangereuses du Parti populaire ne s'arrêtent pas là.

D'autres ont été dévoilées dimanche dernier par le Toronto Star. Le quotidien a rapporté des manifestations de racisme ou d'intolérance de la part d'une organisatrice du Parti et de trois membres d'associations de circonscription en Ontario et au Québec. Ils avaient notamment tenu des propos haineux sur les musulmans, les Noirs et les Juifs.

Ces quatre importuns ont depuis quitté la formation politique, qui n'a pas tardé à réagir. Tant mieux. Mais d'autres controverses de ce genre semblent inévitables. Car le parti de Maxime Bernier est perçu, par ceux qui entretiennent des idées radicales et intolérantes, comme le véhicule politique idéal pour en faire la promotion d'un océan à l'autre.

Le constat n'étonnera à peu près personne. Le positionnement stratégique de Maxime Bernier, au cours des derniers mois, le rend extrêmement vulnérable.

En affirmant que «plus de diversité» va «détruire ce qui a fait de nous un si grand pays», l'ancien ministre conservateur s'est engagé sur un terrain glissant. Avec plusieurs variations sur le même thème au cours des mois - en dénonçant par exemple la «balkanisation culturelle» - , on finit par avoir l'impression qu'il utilise un langage codé pour attirer les électeurs qu'il dit pourtant ne pas vouloir dans son parti.

Le Toronto Star a utilisé dimanche l'expression «dog whistle politics», comme si le député de Beauce utilisait un sifflet qui produit des sons que seuls certains peuvent entendre.

Maxime Bernier est la locomotive d'un nouveau parti politique. C'est à lui de décider qui monte dans le train et qui reste sur le quai. À ce chapitre, notons qu'il a déjà fait des efforts pour éviter d'attirer des membres toxiques. On a appris l'automne dernier que tous les membres du Parti populaire doivent signer une lettre selon laquelle ils n'ont «rien fait ou dit dans le passé et ne feront et ne diront rien à l'avenir qui mettrait le parti dans l'embarras».

C'est bien. Mais c'est visiblement loin d'être suffisant.

En tant que locomotive du Parti populaire, Maxime Bernier décide aussi à qui il va vendre les mérites de son train. C'est à lui de choisir son public cible. Et à ce chapitre, son bilan est médiocre. Il donne visiblement aux Canadiens racistes et intolérants l'impression qu'il pense comme eux.

En somme, il a un fâcheux problème qui nécessite une urgente séance d'introspection.

Maxime Bernier aurait tout avantage à cesser au plus vite de donner l'impression qu'il flirte avec les électeurs extrémistes. C'est un défi de taille. Et les propos de son bras droit ne l'aideront pas à le relever.

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