«La politique internationale du Québec prendra un virage résolument économique», a déclaré François Legault cette semaine dans le cadre de son premier voyage officiel en Europe.

À l'écouter, on croirait qu'il va réinventer la roue ! Remettons les pendules à l'heure : ce n'est pas le cas. Qualifier ses intentions de «virage» relève de l'effet de toge.

Car la CAQ est loin d'être le premier gouvernement à vouloir miser sur la prospection d'investissements et de nouveaux marchés. Historiquement, cet objectif a toujours été au coeur de l'action du Québec dans le monde.

«Rendre les Québécoises et les Québécois plus prospères» est même la première des trois grandes orientations de la plus récente politique internationale du Québec, lancée par Christine St-Pierre en 2017. C'est écrit noir sur blanc dans le document qui a été publié à l'époque.

Cela fait donc déjà partie de la mission de la trentaine de délégations et de bureaux du Québec à l'étranger. Non, on ne fait pas qu'y manger des petits fours!

Mais s'il semble exagéré d'annoncer un virage, il est clair que François Legault a l'intention d'appuyer sur l'accélérateur dans ce dossier.

Et - pour rester dans la terminologie routière - force est d'admettre qu'il a démarré sur les chapeaux de roues cette semaine en Europe. Il faut s'en réjouir.

Ce serait une perte de temps et d'argent que de proposer une nouvelle refonte de la politique internationale, mais améliorer les ingrédients pour obtenir une meilleure recette est une riche idée.

Car ceux qui connaissent bien le système savent que le nouveau premier ministre a raison : des améliorations sont possibles et souhaitables. Les émissaires du Québec à l'étranger - que ce soit ceux du ministère des Relations internationales, ceux d'Investissement Québec (dont la CAQ veut modifier le mandat) ou ceux de la Caisse de dépôt et placement du Québec - ne travaillent pas toujours main dans la main. La synergie n'est pas suffisamment au rendez-vous lorsqu'il s'agit d'attirer des investisseurs.

Et pour les entrepreneurs d'ici qui souhaitent faire des investissements à l'étranger, la structure actuelle peut s'avérer complexe. Ils ne savent pas toujours quel chemin emprunter.

Voyons voir, maintenant, comment François Legault compte relever ce défi. Déjà, ce qui semble clair, c'est qu'il ne manque ni de fougue ni d'ambition.

Lors d'une conférence à Paris devant des dirigeants d'entreprises, il a promis une «politique agressive pour faire exploser les investissements des entreprises au Québec». Il voudrait notamment doubler les échanges commerciaux entre le Québec et la France. Son discours a été «extrêmement bien reçu», a-t-on rapporté.

L'heure sera bientôt venue pour lui d'expliquer dans le détail comment il va s'y prendre. Il s'agira d'un test majeur pour la doctrine Legault, selon laquelle la création «de richesse» est prioritaire.

Et si le nouveau gouvernement trouve des solutions pour rendre plus efficaces les efforts des représentations du Québec à l'étranger, il lui faudra aussi s'assurer que le Québec demeure prêt à répondre aux attentes des investisseurs.

Sur le terrain, la pénurie de main-d'oeuvre met désormais des bâtons dans les roues des entrepreneurs. La CAQ aurait tout avantage à trouver des moyens d'y remédier rapidement. Car s'il est vrai que ce qui se passe à Vegas reste à Vegas, dans le cas du premier ministre, ce qui a été promis à Paris et à Davos ne doit rester ni à Paris ni à Davos.

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