Le deuxième sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un devrait avoir lieu sous peu. Ce sera l'un des événements internationaux les plus importants de l'année, mais aussi - et surtout - le moment de vérité.

Car lorsque Donald Trump a déclaré à la suite du premier sommet en juin dernier qu'il avait « résolu ce problème », il fabulait. Le traditionnel discours télévisé du Nouvel An par Kim Jong-un la semaine dernière l'a démontré. Et la visite de ce dernier en Chine, qui s'est achevée hier, porte à croire que la situation est en train de se complexifier pour Washington.

Les tensions ont baissé d'un cran, c'est vrai, et c'est une excellente nouvelle. Donald Trump n'évoque plus le feu et la fureur. La Corée du Nord ne mise plus sur la provocation. Elle n'a réalisé aucun nouvel essai nucléaire et a cessé ses tests de missiles.

Mais pour ce qui est de la « dénucléarisation complète et totalement vérifiable » du pays exigée par Washington, l'impasse persiste. C'est pourtant, aux yeux de la Maison-Blanche, ce qu'il y a de plus fondamental.

Quand le despote nord-coréen a pris la parole la semaine dernière, il a livré un sérieux avertissement à Washington. Il a dit que si les Américains « continu[ai]ent de ne pas tenir leurs promesses et de mal juger la patience de notre peuple en exigeant certaines choses unilatéralement et en mettant en oeuvre des sanctions et des pressions », la coopération cesserait.

Sur le sol américain, on a immédiatement interprété la sortie de Kim Jong-un comme le fait que les deux pays sont de retour à la case départ. Avec raison. En fait, rien n'a vraiment changé depuis le premier sommet quant aux ambitions nucléaires nord-coréennes.

Le ver était dans le fruit avant même cette rencontre initiale. En gros, Kim Jong-un veut l'allègement des sanctions avant de commencer le démantèlement de son arsenal nucléaire, alors que Donald Trump exige la dénucléarisation avant d'envisager la fin des sanctions.

Le statu quo est intenable et l'année 2019 sera forcément déterminante. Le défi demeure colossal. D'autant qu'au cours des derniers mois, un rapprochement - substantiel, celui-là - s'est effectué entre la Corée du Nord, la Corée du Sud et la Chine. Expert de cette région, Paul Evans, de l'Université de la Colombie-Britannique, parle maintenant de ces trois pays comme faisant partie de « l'axe de l'action ».

Ce développement majeur change la dynamique pour Washington. Les Américains avaient plus de chances de persuader les autres acteurs concernés d'adopter la ligne dure avec la Corée du Nord quand le pays était isolé et belliqueux. Or, c'est de moins en moins le cas.

La relation qui s'envenime entre Washington et Pékin va rendre la tâche de Donald Trump encore plus délicate. On peut s'attendre à ce que le président de Chine, à qui Kim Jong-un vient de rendre une autre visite (il a quitté la Chine hier, ce n'est pas une coïncidence), voudra probablement utiliser son influence sur Pyongyang comme monnaie d'échange.

En somme, le défi posé par la paralysie du gouvernement à Washington n'est rien à côté de ce qui attend Donald Trump cette année dans le dossier nord-coréen. Vous vous demandez comment l'auteur du livre The Art of the Deal arrivera à convaincre Kim Jong-un de renoncer à ses ambitions nucléaires ? Nous aussi...

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