Il y a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond quand vos musées scientifiques sont forcés de se transformer en quêteux pour survivre.

C'est pourtant ce qui vient - une fois de plus - de se produire. Les dirigeants de huit musées québécois du secteur des sciences ont dû implorer le gouvernement de François Legault, peu avant Noël, de ne pas les oublier.

Ces musées avaient obtenu 3 millions de dollars de la part du gouvernement libéral l'an dernier, mais il ne s'agissait que d'un financement ponctuel. Une bouée de sauvetage conçue pour se dégonfler après usage. À la fin du mois de mars, leurs coffres seront vides et ils vont devoir recommencer à lutter pour garder la tête hors de l'eau.

On parle ici d'institutions renommées de la région métropolitaine comme le Cosmodôme et le musée Armand-Frappier à Laval. On parle aussi d'autres musées peut-être moins connus, mais dont le travail est tout aussi remarquable, notamment Exploramer à Sainte-Anne-des-Monts et le Centre d'interprétation des mammifères marins à Tadoussac.

Même si ces musées sont très fréquentés, ils ne peuvent pas s'autofinancer à 100 %. Ils ont besoin du soutien de l'État. 

Et au cours des dernières années, comme ce soutien n'a pas toujours été au rendez-vous, ils ont dû déployer des efforts considérables pour survivre. En 2015, Exploramer a même dû annoncer sa fermeture, avant de revenir sur sa décision grâce à une somme substantielle offerte par un généreux donateur.

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Les huit musées s'inquiètent d'autant qu'ils ont été exclus, en 2016, du Programme d'aide au fonctionnement pour les institutions muséales en 2016. Le ministère de la Culture avait alors décrété qu'ils ne répondaient pas aux critères d'admissibilité de ce programme.

La décision avait déclenché une crise... qui n'a jamais véritablement été résolue par Québec. D'où la demande de «soutien récurrent» faite au gouvernement Legault il y a quelques semaines.

Précisons que les huit musées scientifiques qui interpellent nos élus ne demandent pas la lune. La somme allouée l'an dernier par Québec, qui représente en moyenne 400 000 $ par institution, leur permet de mener à bien leurs activités. Celles-ci sont «essentielles dans l'écosystème de la culture scientifique au Québec», font valoir les responsables de ces musées. Ils ont entièrement raison.

Mais au Québec, nos décideurs semblent parfois avoir du mal à comprendre à quel point la culture scientifique est fondamentale. C'est carrément déconcertant. Il est pourtant évident qu'on a davantage besoin, de nos jours, d'une solide culture scientifique alors que les faits alternatifs et autres croyances ont la cote et que l'univers numérique dans lequel nous vivons tend à nous isoler de ce qui ne conforte pas notre point de vue.

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La bonne nouvelle, c'est que le nouveau gouvernement en poste à Québec a souligné l'importance de la mission de ces musées et semble vouloir les aider rapidement. Au ministère de la Culture, on disait la semaine dernière travailler «main dans la main» avec le ministère de l'Innovation pour «mettre en oeuvre des solutions durables».

C'est une résolution que Québec aurait tout avantage à tenir en ce début d'année 2019. Il est temps de mettre fin, pour de bon, à la précarité vécue depuis trop longtemps par nos musées scientifiques.

LES MUSÉES QUI DEMANDENT L'AIDE DE QUÉBEC

• Aster (Saint-Louis-du-Ha! Ha!)

• Centre de la biodiversité du Québec (Bécancour)

• Centre d'interprétation des mammifères marins (Tadoussac)

• Cosmodôme (Laval)

• Exploramer (Sainte-Anne-des-Monts)

• Fossilarium (Notre-Dame-du-Nord)

• Musée Armand-Frappier (Laval)

• Parc de la Rivière des Mille-Îles (Laval)

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