Vue d'ici, la chose semble complètement surréaliste.

Demain, lors des élections de mi-mandat, Donald Trump n'a que très peu de chances de se faire battre à plate couture.

On voudrait voir les électeurs américains lui donner une leçon : voter avec enthousiasme pour permettre aux démocrates de reprendre le contrôle des deux chambres du Congrès américain (le Sénat et la Chambre des représentants) et faire des gains importants dans plusieurs États.

Ses faux pas, son mépris pour la vérité, ses décisions et déclarations outrageantes, sa démagogie, sa morale à géométrie variable... Elle est longue, la liste des raisons pour lesquelles on aimerait ne pas le voir afficher un sourire béat à l'issue du scrutin. Mais les plus récents sondages semblent démontrer qu'il ne sera pas humilié par ses rivaux.

Les démocrates devraient heureusement pouvoir s'emparer de la Chambre des représentants. En revanche, les républicains ont de très bonnes chances de conserver leur majorité au Sénat, voire de la consolider.

Bref, Donald Trump pourrait encore une fois confondre les sceptiques. Triompher ou, à tout le moins, sauver les meubles en gardant le contrôle du Sénat... ce qu'il qualifierait, de toute façon, de victoire formidable, vraiment très formidable... la plus grande victoire de l'histoire !

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Pourquoi ces prédictions ? D'abord, la mécanique du vote rend peu probable une victoire retentissante des démocrates. C'est particulièrement vrai dans le cas du Sénat. On s'apprête à renouveler 35 des 100 sièges demain. Sur ces 35, pas moins de 26 appartiennent à des élus démocrates, qui doivent donc les défendre.

Mais ce n'est pas tout. Dix de ces vingt-six sièges démocrates se trouvent dans des États où Donald Trump a triomphé il y a deux ans. Au Montana et en Indiana, par exemple. Dans ces deux États, le candidat républicain a devancé Hillary Clinton par près de 20 points de pourcentage en 2016 ! La possibilité de gains nets pour les démocrates au Sénat est donc faible.

Parlant de mécanique, notons aussi que les démocrates sont désavantagés, dans plusieurs États, par le redécoupage partisan des circonscriptions des membres de la Chambre des représentants - le fameux gerrymandering. Sans compter que les républicains ont pris certaines mesures visant à freiner la participation d'électeurs jugés plus proches du Parti démocrate.

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Mais il n'y a pas que la mécanique. Loin de là. Il faut rendre à César ce qui appartient à César : Donald Trump a su cultiver sa base et semble être en mesure de la mobiliser d'une façon remarquable.

Il a d'abord séduit une bonne partie des électeurs républicains avec des positions très conservatrices sur des enjeux cruciaux comme l'immigration, les armes à feu et l'avortement. Son attitude belliqueuse et antisystème, par ailleurs, continue de plaire à un grand nombre d'électeurs. Elle correspond à l'évolution de l'opinion publique en sol américain. Un plus grand nombre d'Américains critiquent la démocratie et sont prêts à être dirigés par un politicien aux méthodes musclées.

Ajoutez à ça la polarisation de la société américaine, qui pousse les républicains à être plus loyaux que jadis et à se méfier davantage des démocrates. Méfiance que Donald Trump intensifie encore un peu plus en décrivant ses rivaux comme une « meute » de politiciens en colère qui veulent - entre autres - laisser la frontière ouverte et faire entrer de dangereux criminels aux États-Unis (la caravane de migrants en route vers son pays aura été, pour le président, du pain béni !). Ces propos démagogiques alimentent la peur, mais ils sont, hélas, politiquement rentables.

N'oublions pas, enfin, que l'économie américaine va toujours bien. Le taux de chômage a même reculé, en septembre, à son niveau le plus bas depuis 1969 (3,7 %). Les nouvelles sont tellement bonnes que rares sont ceux qui s'inquiètent du déficit budgétaire. Il vient pourtant d'atteindre un niveau (779 milliards US) préoccupant.

Pour toutes ces raisons, même si Donald Trump ne se fait pas humilier lors du scrutin de demain, ça ne voudra pas nécessairement dire que c'est catastrophique. Si les démocrates arrivent à faire des gains importants partout au pays, ce sera une bonne nouvelle.

Ça signifiera qu'une frange importante de la population américaine exprime son insatisfaction à l'égard du président. C'est l'ampleur de ce désaveu - proportionnel au succès des politiciens démocrates - qui devrait nous servir de baromètre pour interpréter les résultats de ce scrutin crucial.

Le Congrès américain à l'heure actuelle

Sénat (100 sièges)

51 républicains

47 démocrates

2 indépendants (prodémocrates)

Chambres des représentants (435 sièges) 

235 Républicains

193 démocrates

7 vacants

Source : Agence France-Presse

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