Le plus récent bilan économique du Grand Montréal se lit comme un catalogue de bonnes nouvelles. L'emploi bondit et le taux de chômage chute, même chez les immigrants. On assiste à une relance de la construction tant dans le secteur résidentiel que dans le non résidentiel, ce dernier dopé par les grands chantiers en cours. L'inflation demeure faible et la santé financière des consommateurs s'améliore, etc.

Le moment est donc judicieusement choisi pour s'occuper... de ce qui va moins bien. Vous ne tomberez pas des nues si on vous dit que ce qui semble inquiéter tout particulièrement les auteurs de ce bilan, c'est la sous-scolarisation.

La situation n'est pas reluisante. Depuis le début des années 2000, plusieurs grandes villes canadiennes ont rattrapé les métropoles américaines quant au niveau moyen de scolarité de leurs habitants (on le mesure en évaluant la part de la population qui possède un diplôme universitaire). Mais à Montréal, ça n'a pas été le cas. À Québec non plus, d'ailleurs.

Les plus récentes données démontrent que l'an dernier, 36,8 % des Montréalais de 25 à 64 ans étaient titulaires d'un grade universitaire, contre 44,1 % à Toronto, par exemple. À Québec, la situation est encore moins enviable : 33,4 %.

Personne ne va tomber en bas de sa chaise à la lecture de ces chiffres, parce que les ratés du Québec en matière d'éducation sont bien connus.

Ils touchent la province au grand complet, pas uniquement Montréal. Le bilan économique du Grand Montréal, publié par la Communauté métropolitaine de Montréal, fait d'ailleurs écho au mémoire remis l'an dernier par l'Association des économistes du Québec au gouvernement du Québec.

Son message était limpide : il faut investir davantage dans l'éducation et la formation. C'est « le meilleur moyen d'augmenter la productivité de l'économie québécoise ».

Bien sûr que des efforts ont été déployés ces dernières années. Bien sûr que la situation s'est améliorée. Mais pas suffisamment. Le Québec partait de loin et il n'a pas encore terminé son rattrapage.

Le constat est d'autant plus accablant que la province fait face à une pénurie de main-d'oeuvre. Et parce qu'on sait que les futurs travailleurs ont tout avantage à être hautement qualifiés. À preuve : 81 % des 90 000 emplois créés au cours de la dernière année au Québec exigeaient une formation collégiale ou universitaire.

Jusqu'ici, les partis n'ont pas encore montré qu'ils débordent d'enthousiasme quant aux grands enjeux en éducation, quoique François Legault ait déjà abordé le sujet à quelques reprises.

La campagne est très, très jeune, c'est vrai. Espérons cependant que ce n'est pas mauvais signe et que les engagements dans ce secteur fondamental seront substantiels.

L'idée n'est pas de proposer une réforme d'envergure, mais d'agir de façon ciblée pour régler les problèmes les plus sérieux. Notamment de travailler encore mieux en amont, avant même l'arrivée des jeunes au primaire. Et de trouver de meilleures façons de favoriser la réussite et de réduire le décrochage au secondaire.

Il ne faudrait pas, par ailleurs, oublier de se préoccuper du sort des cégeps et des universités. Québec « manque d'ambition » pour l'enseignement supérieur, faisait remarquer le président de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, lors d'un récent passage à La Presse. Il faut que les partis abordent le sujet au cours de la campagne, a-t-il plaidé. On ne peut que lui donner raison.

Mais les candidats devront faire plus que parler d'éducation et nous dire à quel point ils estiment que c'est important. Ils devront aussi, avec leurs engagements, nous le prouver.

Ne pas hésiter à mettre le doigt là où ça fait mal (il faudra, par exemple, oser parler de la qualité de l'enseignement et des façons de l'améliorer) et à offrir les remèdes nécessaires pour changer les choses pour le mieux.

Une priorité, l'éducation ? Il reste cinq semaines pour en faire la démonstration !

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Part de la population détenant un diplôme universitaire

39,1 % : Moyenne des 7 principales villes canadiennes

38,3 % : Moyenne des 26 principales villes américaines

36,8 % : Taux à Montréal

33,4 % : Taux à Québec

Source : Communauté métropolitaine de Montréal, données pour 2016

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