D'ordinaire, on aurait tendance à saluer l'idéalisme d'un politicien qui lance une nouvelle formation politique en disant vouloir défendre ses idées. Mais dans le cas de Maxime Bernier, le faire ne serait ni intellectuellement soutenable ni responsable.

On n'est pas, ici, face à la mutinerie d'un équipage qui a été lésé par son capitaine ou qui sait que ce dernier ne le conduira pas à bon port.

Non.

C'est plutôt un acte de rébellion isolé. Un geste qu'on ne qualifiera même pas d'enfantin, car bon nombre d'enfants auraient probablement pris une décision plus judicieuse. Et plus prudente.

Aucun député ne quittera le caucus conservateur pour suivre Maxime Bernier, a déclaré le lieutenant politique du parti pour le Québec, Alain Rayes. Même son de cloche du côté des sénateurs, a-t-il ajouté.

Tout ça ne semble pas très sérieux.

D'ailleurs, les propos tenus par Maxime Bernier donnaient hier l'impression qu'il agissait par-dessus tout comme un politicien amer.

Un homme qui n'arrive pas à digérer son échec aux mains d'Andrew Scheer l'an dernier lors de la course à la direction du Parti conservateur.

« Ce parti est trop corrompu intellectuellement et moralement pour être réformé », a-t-il notamment lancé.

Qu'on parle en ces termes du parti Russie unie de Vladimir Poutine ou du Parti communiste chinois, on le comprendra. Mais dénigrer de cette façon le parti dans lequel il a travaillé pendant plus de 10 ans, c'est hélas se comporter en idéologue narcissique plus qu'en visionnaire qui a à coeur l'avenir des Canadiens.

Le Parti conservateur a changé, a-t-il soutenu. Nous permettra-t-il de poser une question un brin différente : et si c'était plutôt Maxime Bernier qui avait changé ?

Hier, en conférence de presse, alors qu'il tentait péniblement de justifier sa décision, il ressemblait moins à un leader positif qui lance un nouveau parti prometteur qu'à un politicien qui demeure déboussolé par son plus récent revers politique.

Si ses tweets des deux dernières semaines nous ont fait penser à ceux de Donald Trump (tant sur la forme que sur le fond), son attitude n'est pas sans rappeler, désormais, celle de Martine Ouellet au cours de la dernière année. Isolée, elle refusait tout compromis et fonçait tête baissée, telle une kamikaze. Maxime Bernier, lui, ressemble à un cowboy solitaire.

Il y a aussi, dans son comportement, un certain aveuglement. Car diviser le vote conservateur au pays, l'histoire récente l'a démontré, est une très mauvaise idée si on s'oppose aux idées progressistes.

Parlez-en à Preston Manning, ce conservateur albertain qui avait lancé le Parti réformiste à la fin des années 80. Il a appris à la dure que la division du vote conservateur est une bonne façon d'offrir au Parti libéral la victoire sur un plateau d'argent, élection après élection. Les réformistes, après avoir tenté de se refaire une beauté en se métamorphosant en Alliance canadienne, ont fini par s'unir formellement avec les conservateurs au début des années 2000. Un mariage de raison qui leur a permis de renouer avec la victoire.

C'est pourquoi Andrew Scheer a accusé hier Maxime Bernier de faire passer ses « ambitions personnelles » avant toute autre chose et « d'aider Justin Trudeau ».

La bonne nouvelle, pour le Parti conservateur, c'est que la fuite en avant de Maxime Bernier ne semble pas mobiliser grand-monde.

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Maxime Bernier en 5 dates

1963 Naissance à Saint-Georges-de-Beauce

2006 Élu député de Beauce

2007 Devient ministre des Affaires étrangères, mais il perd son poste neuf mois plus tard

2017 Termine deuxième lors de la course à la direction du Parti conservateur

2018 Annonce la formation d'un nouveau parti

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