La Malbaie semble être ces jours-ci le centre du monde. Mais les leaders des sept grandes puissances qui y sont réunis auraient tout avantage à regarder ce qui se produit au même moment en Chine. C'est loin d'être anodin.

Le président russe Vladimir Poutine a été reçu en grande pompe, hier, à Pékin.

Le président chinois, Xi Jinping, lui a remis la toute première « Médaille de l'amitié ». Elle « symbolise l'amitié profonde entre la Chine et la Russie », a dit le chef d'État de l'empire du Milieu.

Et d'ajouter : « Quelles que soient les fluctuations de la situation internationale, la Chine et la Russie ont toujours considéré le développement de leurs relations comme une priorité. »

Les deux pays n'ont pas que des atomes crochus. Mais tant Vladimir Poutine que Xi Jinping rêvent de servir de modèle au reste de la planète. Et ils ont compris, contrairement au président américain, que l'union fait la force.

Le monde est train de traverser une récession démocratique. La Chine et la Russie mènent une guerre larvée contre les démocraties occidentales. Entre autres parce celles-ci offrent à leurs citoyens des libertés menaçantes pour les régimes autoritaires.

C'est très inquiétant.

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Sur le plus récent numéro du magazine The Economist, on a dessiné Donald Trump assis sur une boule de démolition qui représente la planète Terre.

Le symbole est fort. Mais il est aussi fort juste. Le président américain semble prendre un malin plaisir à perturber l'alliance qui s'est tissée au fil des décennies entre les démocraties occidentales. Une alliance imparfaite, mais essentielle.

« En ce moment, l'ordre mondial est mis au défi », a constaté hier le président du Conseil européen, à La Malbaie. Le problème, c'est que « ce n'est pas par les suspects habituels, mais par l'architecte et le gardien de cet ordre mondial : les États-Unis », a-t-il précisé.

Donald Tusk est en train de prendre l'habitude de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

Des deux Donald, il est le plus éclairé. Le plus sage. Celui qu'on doit écouter.

Le mois dernier, lorsque l'autre Donald (Trump) avait torpillé l'accord sur le nucléaire iranien, le dirigeant européen avait fait remarquer qu'avec des amis comme ça, « on n'a pas besoin d'ennemis ».

C'est vrai. Et c'est tragique.

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Ce que dit fermement le président américain au reste du monde, c'est : je suis le plus fort, vous n'avez qu'à accepter mes exigences ! L'ordre international selon Donald Trump est un concept où seul l'intérêt national des États-Unis est fondamental. On le comprend de mieux en mieux. Et il a beau être parfois courtois, le fond de sa pensée n'évolue pas à ce sujet.

Par exemple, tout accord multilatéral doit être selon lui plus avantageux pour les États-Unis que pour les autres signataires.

Le président américain impose ses vues et les autres devraient répondre : oui, monsieur ! Sa loi, c'est celle du plus fort.

En soi, tout ça est profondément troublant. Mais là où le président américain dépasse la mesure, c'est qu'il est parfois autant sinon plus agressif avec les alliés traditionnels des États-Unis qu'avec des pays à qui il ne devrait pourtant pas donner le bon Dieu sans confession.

C'est d'ailleurs ce qu'il a fait hier avant même le début du sommet. Alors qu'il sermonnait ses alliés, il prenait la défense de la Russie. Le pays devrait être réintégré au sein du G7, a-t-il suggéré, étant prêt à passer l'éponge sur les dérives des dernières années du président russe.

Bien franchement, à voir comment se comporte Donald Trump avec ses alliés, on dirait presque qu'il est au service de la Russie et, dans une moindre mesure, de la Chine (même s'il est aussi en guerre ouverte avec le pays de Xi Jinping sur le plan commercial).

C'est tragique. Et c'est très, très inquiétant.

Image tirée de Twitter

La une du magazine The Economist

photo IAN LANGSDON, agence france-presse

Le président Trump rejoint la première ministre britannique Theresa May et la chancelière allemande Angela Merkel pour la photo de groupe, au sommet du G7 de La Malbaie.

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