Donald Trump a annoncé mardi le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire sur l'Iran avec un ton belliqueux et des accusations qui rappelaient la façon dont George W. Bush a diabolisé l'Irak avant d'envahir le pays en 2003.

L'Iran est « le principal État commanditaire du terrorisme », a soutenu Donald Trump. Du même coup, il a déclaré que le pays a menti au sujet de ses activités nucléaires (on jurerait une répétition de l'épisode des prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein en Irak !). Et il s'est dit convaincu qu'en dépit de l'entente signée, on ne peut pas faire confiance à l'Iran.

Le président a terminé en affirmant que le peuple iranien mérite mieux que ses dirigeants actuels. C'est vrai. Mais dans le contexte, ça donne l'impression qu'il pourrait vouloir provoquer lui-même un éventuel changement de régime dans ce pays.

Or, jouer aux apprentis sorciers au Moyen-Orient n'est jamais une bonne idée.

Certains commentateurs américains avaient établi un parallèle entre Donald Trump et George W. Bush avant même le discours agressif de mardi. Le chroniqueur Peter Beinart faisait remarquer que deux des va-t-en-guerre du début des années 2000 sont redevenus des acteurs de premier plan. Benyamin Nétanyahou, le premier ministre israélien, ainsi que John Bolton, récemment nommé au poste prestigieux de conseiller à la sécurité nationale des États-Unis par Donald Trump.

« Actuellement, la plus grande menace pour la sécurité nationale américaine n'est pas l'Iran, ni la Corée du Nord, ni le groupe État islamique. C'est l'amnésie », a écrit ce journaliste qui fut en faveur de la guerre en Irak il y a 15 ans, avant de reconnaître qu'il s'agissait d'une « erreur tragique ».

Ajoutons aussi qu'il manque à Donald Trump, comme c'était le cas pour George W. Bush, les connaissances et l'expérience en matière de politique étrangère qui lui permettraient d'éviter de prendre de trop nombreuses décisions imprudentes et déraisonnables - reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, par exemple. Quand elles ne sont pas carrément illogiques - retirer les États-Unis du Partenariat transpacifique ou de l'accord de Paris sur le climat.

Il est trop tôt pour dire si la façon dont Trump vient de torpiller l'accord sur le nucléaire iranien va mener à un conflit armé. Les tambours de la guerre ne résonnent pas à Washington.

On imagine mal les Américains envahir l'Iran comme ils l'ont fait en Irak, avec un important contingent de soldats au sol. Il y a des limites à l'amnésie... D'ailleurs, Donald Trump ne s'est-il pas fait élire en dénonçant les interventions armées américaines des dernières décennies ? Jusqu'ici, il a privilégié les bombardements. Le cas de la Syrie est éloquent.

Des certitudes, toutefois, il y en a. Et elles sont toutes démoralisantes...

D'abord, les États-Unis - et le reste du monde - ne sont pas plus en sécurité depuis l'annonce de la décision de Donald Trump. Au contraire.

Ensuite, il revient à d'autres le soin de payer les pots cassés par le président américain. Ce sont les leaders européens qui tenteront tant bien que mal d'assurer la survie de l'entente. Mais il est loin d'être certain que ça va marcher. Donald Trump a non seulement rejeté l'accord, il a promis que les entreprises qui pouvaient désormais faire affaire avec l'Iran seront sanctionnées si elles ne mettent pas fin à ces échanges commerciaux.

Dernière certitude : l'Iran va tenter de sauver la face d'une façon ou d'une autre. Le président Hassan Rohani a rapidement dit que s'il n'était pas possible de sauver l'accord, son pays reprendrait « l'enrichissement industriel sans limites » de l'uranium.

Si c'est ce qui se produit, comment tout ça va-t-il se terminer ? Dieu seul le sait... Mais permettez-nous de postuler en terminant un principe fort simple, que Donald Trump semble pourtant avoir du mal à comprendre : souvent, quand on joue avec le feu, on se brûle. Parlez-en à George W. Bush...

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