Oh que cette histoire d'école réclamée au centre-ville de Montréal fait penser au film Le jour de la marmotte !

Généralement, quand on entend parler publiquement d'un projet d'école primaire dans ce quartier, c'est parce que quelqu'un, quelque part, affirme que ça ne fonctionnera pas. Comme Bill Murray dans le film culte des années 90, on se retrouve chaque fois de retour à la case départ.

La semaine dernière, Le Devoir a révélé que l'idée de construire une école sur le site de l'ancien Hôpital de Montréal pour enfants a été abandonnée par l'un des promoteurs, Devimco.

Son président affirme qu'il est désormais trop tard pour intégrer un établissement scolaire dans le projet. Il parle d'un « rendez-vous manqué ».

Pourtant, tant à la Ville de Montréal, qu'à la Commission scolaire de Montréal et qu'au ministère de l'Éducation, on estime que le retard n'est pas insurmontable. Il faudrait peut-être les écouter !

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Il faut le reconnaître, tout ce beau monde est, d'une façon ou d'une autre, en partie responsable de ce gâchis.

À la base, n'aurait-on pas dû exiger initialement, à Québec, un engagement ferme de la part des promoteurs ? On savait pourtant que le centre-ville a un besoin urgent d'écoles, que les terrains disponibles sont rares et que le site de l'ancien hôpital de Montréal pour enfants offrait une occasion en or.

De par sa situation géographique, évidemment. De par l'ampleur du projet, également, puisqu'il y aura vraisemblablement plus de 1000 logements répartis entre six tours. Et, pour reprendre les termes utilisés par l'Office de consultation publique de Montréal, parce qu'on cherche à y « réaliser un véritable complexe urbain ».

La Ville de Montréal aussi aurait pu intervenir en amont. Elle avait le pouvoir de forcer les promoteurs à construire une école. Elle a d'ailleurs réclamé et obtenu la construction d'un centre communautaire sur le site.

Y ajouter une école aurait dû être une évidence pour l'administration municipale.

Dans le cadre de sa « stratégie centre-ville », elle a d'ailleurs dit vouloir construire cinq établissements scolaires (quatre écoles primaires et une école secondaire) sur ce territoire d'ici 2030.

Mais à l'époque des tractations pour implanter une école sur le site, l'administration de Denis Coderre était en pleine querelle de clocher. Le maire revendiquait l'autorité sur les écoles et ne semblait pas intéressé à collaborer avec la Commission scolaire de Montréal pour l'aider à obtenir de nouveaux établissements pour les élèves.

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Retour à la case départ, donc. C'est malheureux, mais ce n'est pas une raison pour baisser les bras. « Il est encore temps de trouver des solutions et nous devons continuer de négocier », a déclaré publiquement la nouvelle mairesse, Valérie Plante. Elle a entièrement raison.

Entre autres parce qu'au centre-ville, pour construire une école aussi rapidement que sur le site de l'ancien hôpital, il n'y a pas de plan B. Il manque déjà 37 classes dans le quartier. On comprend les parents d'être consternés et d'avoir manifesté leur désarroi publiquement le week-end dernier.

Les promoteurs (et le Fonds immobilier de solidarité FTQ, impliqué dans le projet) auraient tout avantage à saisir la perche tendue par la mairesse et à réfléchir à l'impact de cette pénurie sur les habitants du quartier et, forcément, sur les acheteurs éventuels de leurs condos.

Ils sont, semble-t-il, en mode solution. Tant mieux. Mais c'est le résultat qui importe. Les enfants du centre-ville ont besoin d'écoles. Et le temps presse.

Le nombre d'élèves a bondi à la CSDM

Écoles primaires

• 2010-2011 : 35 630

• 2011-2012 : 36 052

• 2012-2013 : 36 773

• 2013-2014 : 37 716

• 2014-2015 : 38 994

• 2015-2016 : 40 131

• 2016-2017 : 41 452

• 2017-2018 : 42 856

Source : Commission scolaire de Montréal.

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