« Simon, c'est mon frère. Simon, c'était un grand gars hyper énergique, qui s'embarquait dans plein de projets. [...] Toujours en train de faire des blagues, de jouer aux jeux vidéo ou de faire de la musique. »

Ce portrait de Simon Dufour, qui s'est suicidé la semaine dernière, est celui offert par sa soeur Karine dans un message sur Facebook devenu viral.

Mais aux yeux de certains élèves de l'école qu'il fréquentait à Longueuil, Simon était plutôt, semble-t-il, le bouc émissaire. Celui qu'on prend plaisir à tourmenter.

Ne sautons pas aux conclusions trop rapidement : on ne sait pas encore si ce suicide est lié directement à l'intimidation. Une enquête est en cours pour en déterminer les causes. Le père du garçon affirme d'ailleurs que la situation semblait s'être améliorée au cours des derniers mois.

Ce qu'on sait, toutefois, c'est que Simon avait été intimidé au primaire et que ce harcèlement s'était poursuivi au secondaire. On sait aussi que le père de Simon dit l'avoir signalé à la direction de l'école et n'a pas été satisfait par les réponses obtenues.

Parfois, des drames affligeants permettent à des sociétés de braquer leurs projecteurs sur des problèmes fondamentaux qui ne font plus la manchette. C'est ce qui est en train de se produire depuis la mort de Simon.

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L'intimidation demeure un problème dans les écoles du Québec. Un problème qui doit être une priorité pour tous les acteurs du milieu, en tout temps.

Ne nous méprenons pas, ça semble déjà être le cas pour bon nombre des professionnels, élèves et parents. Des progrès substantiels ont été faits au cours de la dernière décennie dans ce dossier.

Le gouvernement du Québec a pour sa part agi judicieusement en adoptant le projet de loi 56 « visant à prévenir et à combattre l'intimidation et la violence à l'école », en 2012. Il a ainsi forcé chaque école à développer un plan de lutte contre l'intimidation, à le faire approuver par son conseil d'établissement. Pour s'assurer qu'il soit respecté, une personne a été nommée responsable de son application.

Évidemment, ça ne règle pas tout. Mais ça a l'avantage de jeter des bases sur lesquelles on peut se fier pour construire des milieux où l'intimidation sera dénoncée (le rôle des témoins est primordial, personne ne doit demeurer passif). Et plus jamais tolérée.

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Les chiffres les plus récents de la Chaire de recherche sur la sécurité et la violence à l'école de l'Université Laval permettent de relativiser l'ampleur des problèmes pour l'ensemble du Québec. L'étude, rendue publique l'an dernier, a été menée auprès de 74 écoles primaires et 49 écoles secondaires en 2013 et 2015. Le climat scolaire « était déjà positif en 2013 », y lit-on. Deux ans plus tard, on rapportait certains changements souhaitables, notamment quant aux « comportements à risque observés » en lien avec l'intimidation.

Mais les chiffres démontrent aussi qu'il reste du chemin à parcourir pour mettre fin à l'intimidation. Notamment pour combler les besoins en formation du personnel scolaire. On doit lui permettre de s'outiller non seulement pour éduquer les jeunes, mais pour leur apprendre à mieux développer leurs aptitudes sociales. C'est aussi ça, le rôle de l'école.

Le changement de culture a commencé, mais il est loin d'être terminé. Oui, la balle est dans le camp du milieu scolaire, mais apprendre à mieux gérer ses émotions n'est pas seulement du ressort des élèves. Les adultes doivent prêcher par l'exemple.

Prenez, par exemple, la teneur des débats sur les réseaux sociaux. Insultes et harcèlement y sont monnaie courante... chez les usagers majeurs et vaccinés. Quel fléau... La société dans son ensemble aurait tout avantage à se sentir interpellée par le combat contre l'intimidation et à cesser de tolérer l'intolérable.

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