L'école primaire Lambert-Closse, à Saint-Léonard, déborde. Le laboratoire informatique et la bibliothèque ont été transformés en classes, a-t-on rapporté dans nos pages il y a quelques jours.

C'est loin d'être un problème isolé. De nombreuses écoles primaires sont touchées à Montréal.

Ce n'est pas non plus un problème qui date d'hier. Mais il est, à chaque rentrée, d'une criante actualité.

C'est d'ailleurs à peu près le seul moment dans l'année l'où on prend conscience de l'urgence du problème. Et si on en profitait cette fois pour le régler?

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«Des terrains, on n'en invente pas», déclare Miville Boudreault, président de la Commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, où se trouve l'école Lambert-Closse.

Il soulève une question cruciale : de nouvelles écoles doivent être construites dans certains secteurs. M. Boudreault, pour sa part, dit avoir depuis longtemps réclamé de nouveaux terrains à la Ville. En vain.

Et que dit la Ville, elle? Elle semble par-dessus tout se concentrer sur ses propres désirs.

«Donnez-moi la juridiction des écoles et je vais les bâtir», a lancé Denis Coderre en juin dernier.

Le maire de Montréal a du même souffle accusé la Commission scolaire de Montréal ne pas remplir ses engagements dans le dossier de la construction d'écoles au centre-ville.

Depuis, la guerre de clochers s'est poursuivie, reléguant l'intérêt des élèves au second plan.

La semaine dernière, la Ville a dévoilé son plan d'action pour le centre-ville. Le maire a annoncé qu'il souhaitait créer cinq écoles sur ce territoire. Tant mieux! Mais il n'a pas informé la CSDM de ses plans qui, pourtant, la concernent au plus haut point. Celle-ci avait d'ailleurs déposé un projet d'école au centre-ville en 2015... qui avait été refusé par Québec. Depuis, elle travaille en vue d'obtenir une école sur l'emplacement de l'ancien Hôpital de Montréal pour enfants.

Et que dit Québec devant la surpopulation dans les écoles montréalaises? Le ministre de l'Éducation a reconnu cette semaine qu'«au fil du temps, on n'a peut-être pas fait toutes les constructions ou les rénovations nécessaires».

Lors d'une autre sortie publique, il s'est fait rassurant. «Je n'ai pas entendu d'élève ce matin qui n'était pas déjà dans une école, qui n'avait pas accès à une école», a déclaré Sébastien Proulx.

Ce n'est pas faux. Mais c'est faire fi du fait que bon nombre de parents et d'élèves font les frais d'une situation qui pourrait certainement être moins pénible s'il y avait une réelle volonté politique et une meilleure coopération en la matière.

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Pourtant, les prévisions démographiques prouvent que le nombre d'élèves va continuer de bondir au cours des prochaines années. Du côté de la CSDM, par exemple, on a déjà annoncé (fin juin, dans un plan triennal) que «la situation est particulièrement préoccupante pour la rentrée 2018-2019». Et qu'il faudra rapidement trouver d'autres moyens de «pallier temporairement les besoins de capacité d'accueil».

Sans compter que les problèmes auxquels font face les écoles primaires vont bientôt toucher les établissements secondaires.

Il faut se rendre à l'évidence : le dialogue de sourds a assez duré.

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