Mieux vaut tard que jamais : le gouvernement fédéral vient de comprendre au moins trois choses quant à l'afflux estival des demandeurs d'asile à la frontière canado-américaine.

• Qu'il fallait faire preuve de plus de leadership ;

• Qu'il fallait allouer plus des ressources ;

• Qu'il fallait être plus transparent.

C'est ce qu'on constate à l'issue de l'annonce, hier, du ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, et d'une conférence de presse offerte par plusieurs acteurs fédéraux impliqués dans ce dossier, dont la GRC.

Dépêché à Lacolle, le ministre a dévoilé une série de mesures visant à atténuer les difficultés évoquées ces derniers jours au Québec.

On va par-dessus tout tenter de désengorger le territoire québécois en expédiant un certain nombre de migrants en Ontario. On veut aussi accélérer le traitement initial des demandes en ajoutant une vingtaine d'employés au bureau montréalais d'Immigration Canada et améliorer la coordination des gouvernements en créant un comité interministériel.

L'annonce d'hier est la bienvenue. D'autant plus que l'absence de leadership a été notable au cours des deux dernières semaines du côté d'Ottawa.

Le premier ministre Justin Trudeau et son ministre de l'Immigration ont été nettement trop discrets dans ce dossier. Les élus fédéraux n'ont malheureusement pas semblé prendre la mesure des inquiétudes d'une partie de la population.

Ces craintes ont pris de l'ampleur, comme en témoigne ce récent sondage selon lequel 51 % des Québécois voudraient empêcher les migrants d'entrer au pays en provenance des États-Unis.

Ces migrants, parmi lesquels se retrouvent de nombreux Haïtiens, ne semblent donc pas bénéficier du capital de sympathie réservé aux milliers de réfugiés syriens accueillis en 2015-2016 au Québec.

« Il aurait fallu un bon plan de communication », a déclaré récemment le président de l'Association haïtienne du Québec au journal Le Soleil. Ottawa n'a pas assez informé et par conséquent rassuré les Québécois sur la situation à la frontière.

Même les chiffres relatifs au nombre de migrants entrés au Canada ont été, ces derniers mois, distillés au compte-gouttes par Ottawa. Une excellente idée... si on veut nourrir les rumeurs et les légendes urbaines.

Les informations se faisaient trop rares sur le sol américain aussi. Ottawa a récemment commencé à expliquer aux migrants potentiels vivant aux États-Unis qu'il faut cesser de rêver en couleur. Qu'ils ne vont pas obtenir le statut de réfugié simplement en franchissant la frontière puisqu'il faut répondre à des critères bien précis.

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Dans l'ensemble, les gestes faits hier par le gouvernement fédéral sont judicieux, mais encore trop timides. Il faut aussi, maintenant, accorder plus de ressources à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Espérons que le comité interministériel qui a été formé hier en viendra à cette conclusion.

Souhaitons aussi que ce comité mette de l'avant d'autres mesures spéciales. Faciliter la délivrance de permis de travail aux demandeurs d'asile devrait notamment être envisagé.

Marc Garneau et ses collègues à Ottawa soutiennent qu'il n'y a pas de crise. Fort bien. Mais ils auraient avantage à faire de cet afflux de migrants une priorité s'ils veulent éviter que la situation ne dégénère.

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