Si Donald Trump était un président américain rationnel et raisonnable, il aurait hier matin tenté de rassurer la chancelière allemande Angela Merkel.

Elle a été échaudée par l'attitude du président américain en Europe. Dès après son départ, elle a tenu des propos qui ont été qualifiés de tournant dans la relation entre le continent européen et les États-Unis.

«L'époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est quasiment révolue», a-t-elle dit. Avant d'ajouter : «Nous, Européens, devons prendre notre destin en main.»

Mais Donald Trump n'est pas un président américain rationnel et raisonnable.

Il n'a pas, hier matin, promis à Angela Merkel et aux autres dirigeants européens que son pays sera toujours là pour eux puisqu'ils seront, eux, toujours là pour les Américains.

Il a, inexplicablement, préféré jeter de l'huile sur le feu.

«Nous avons un ÉNORME déficit commercial avec l'Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu'elle ne le devrait pour l'OTAN et le secteur militaire. Très mauvais pour les É.-U. Ça va changer», a-t-il écrit sur Twitter.

Heureusement que le ridicule ne tue pas.

Le président américain, en moins de 140 caractères, venait de donner raison à la fois à Angela Merkel et à son ministre des Affaires étrangères qui, lundi, a accusé Donald Trump d'avoir «affaibli» l'Occident. Oui, si certains avaient encore des doutes à ce sujet, ils viennent d'être dissipés.

Les gestes du président américain seraient téléguidés par Moscou qu'il n'agirait pas autrement. Il est en train de réaliser le rêve que caresse Vladimir Poutine depuis longtemps : diviser les démocraties occidentales dans le but de les rendre plus vulnérables.

L'Europe, l'une des régions les plus stables du monde depuis la Seconde Guerre mondiale, est fragilisée.

Elle ne doit surtout pas se transformer en géant aux pieds d'argile. 

L'Union européenne perd des plumes depuis le vote sur le Brexit au Royaume-Uni et en raison de la montée de politiciens europhobes ailleurs sur le continent. Or, Donald Trump a toujours semblé s'en réjouir.

L'OTAN, une alliance militaire selon laquelle toute attaque contre un des membres (28 pays, dont les États-Unis et le Canada) est considérée comme une attaque contre l'ensemble des membres, a pour sa part été dénigrée par Donald Trump. La semaine dernière, il a d'ailleurs refusé de confirmer qu'il respecterait ce principe, énoncé dans l'article 5 de la charte de l'organisation. L'OTAN, rappelons-le, n'a rien perdu de sa pertinence alors que les ambitions de Vladimir Poutine ne semblent pas connaître de frontières.

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Il y a quelques semaines, le journaliste Thomas Friedman du New York Times participait à un forum sur la paix en Normandie, région dont les plages étaient le théâtre du débarquement militaire de 1944.

Il a dit croire que le stratège de Donald Trump, Steve Bannon, pense que «le monde serait meilleur avec des nationalismes en concurrence», a rapporté le magazine français L'Obs.

«Je viens de visiter les plages du débarquement. C'était ça, le monde des nationalismes en concurrence», a pris soin d'ajouter le journaliste, faisant référence aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus meurtrier de l'histoire.

Trump n'a jamais dit ouvertement qu'il souhaite remplacer la collaboration par la rivalité entre les pays démocratiques. Mais il est obsédé par l'appât du gain et les relations commerciales, au point de faire preuve de myopie. 

Au point, en fait, de mettre en péril les alliances qui favorisent la stabilité mondiale et, par conséquent, la sécurité et la croissance économique de son propre pays.

Hélas, il ne semble pas s'en rendre compte.

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