Et si on vous disait que les noms de ceux qui sont susceptibles de devenir les prochains tueurs en série ont été identifiés ?

Vous répondriez très certainement :  arrêtez-les et désarmez-les !

Bonne nouvelle, c'est exactement ce qu'une toute nouvelle coalition improbable d'États, d'ONG et de sociétés pharmaceutiques propose de faire.

La Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) souhaite développer des vaccins et des traitements pour une série de maladies infectieuses émergentes.

Ces maladies sont susceptibles de se transformer en épidémies menaçantes dont la progression pourrait être fulgurante. De se transformer, donc, en tueurs en série qui peuvent déstabiliser non seulement des villes et des pays, mais bien la planète au grand complet.

Ceux qui en doutent n'ont qu'à se rappeler la crise mondiale provoquée par l'épidémie de fièvre Ebola la plus meurtrière de l'histoire, qui a pris fin en 2016.

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« L'idée est de ne plus se faire prendre les culottes à terre », résume de façon aussi simple qu'éloquente la présidente de Médecins sans frontières, Joanne Liu, qui était récemment de passage dans nos bureaux.

Il faut prévenir plutôt que guérir. Ou, dit plus crûment, prévenir plutôt que mourir.

Joanne Liu a joué un rôle de premier plan dans la lutte contre la fièvre Ebola. Il y a deux ans, elle figurait parmi les 100 personnalités les plus influentes de la planète, sélectionnées par le magazine Time. Aujourd'hui, elle fait partie de ceux qui se démènent pour que la CEPI soit un succès.

Car l'initiative est encore en phase démarrage. Au cours des cinq prochaines années, la coalition veut mettre au point les vaccins et les médicaments pour vaincre trois maladies infectieuses : 

- Le syndrome respiratoire du Moyen-Orient

- La fièvre de Lassa

- L'infection à virus Nipah

Pour y arriver, elle doit récolter 1 milliard de dollars américains. Elle dispose pour l'instant d'un peu plus de la moitié de cette somme, grâce aux dons de deux fondations (dont celle de Bill et Melinda Gates) et de trois pays. Le Japon, la Norvège et l'Allemagne.

Joanne Liu estime, avec raison, que le Canada devrait également injecter des millions pour soutenir cette initiative novatrice.

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On ne peut pas se fier uniquement sur l'industrie pharmaceutique. Lorsqu'elle décide d'investir dans le développement d'un vaccin ou d'un traitement, c'est d'ordinaire parce qu'elle estime que ça va rapporter gros. Les maladies infectieuses émergentes sont négligées. Pourtant, rappelle la coalition, les épidémies sont « l'un des problèmes de sécurité sanitaire les plus pressants de notre époque ».

Favoriser le succès de cette coalition est donc primordial. Gary Kobinger, directeur du centre de recherche en infectiologie de l'Université Laval, estime carrément qu'il s'agit d'une initiative « phénoménale ».

Ce microbiologiste québécois, qui travaillait jusqu'à récemment au Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, est l'un de ceux qui ont réussi à développer un traitement et un vaccin contre le virus Ebola. Il travaille actuellement sur un vaccin contre le virus Zika. Pourtant, il peine à obtenir une subvention fédérale pour mettre de l'avant, à Québec, un mécanisme de « réponse rapide » qui permettrait d'identifier les nouvelles maladies infectieuses et de développer plus vite des vaccins et des traitements. Et qui pourrait générer « des retombées socioéconomiques exceptionnelles » au Québec, prévoit-il.

Les gouvernements, hélas, préfèrent trop souvent guérir plutôt que prévenir.

Au ministère du Développement international, on dit être en train d'évaluer comment « appuyer la mission de la CEPI ». Tant mieux.

Les membres de la coalition, tout comme le chercheur Gary Kobinger, ont identifié les prochains tueurs en série. Ils pensent être en mesure de les freiner. Nos élus ont tout avantage à leur prêter main-forte.

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