C'est malheureusement officiel, le Palmarès des municipalités du Québec est mort et enterré.

L'affaire ne fera jamais la manchette. On n'imagine personne, non plus, descendre dans la rue pour que Québec recommence à exiger la publication de ces données. Mais permettez-nous d'insister : il s'agit d'une lourde perte. Susceptible, d'ailleurs, d'avoir un impact sur votre portefeuille.

La disparition du palmarès a été confirmée hier par notre collègue Pierre-André Normandin. Le directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, Robert Gagné, lui a fait savoir que l'ultime effort pour tenter de sauver cet examen annuel s'est soldé par un échec.

Le responsable de cette disparition est connu, ne nous gênons pas pour le montrer du doigt :  le ministère des Affaires municipales, actuellement dirigé par Martin Coiteux.

Il y a un an presque jour pour jour, ce ministère annonçait qu'il cessait d'obliger les municipalités à compiler une série d'indicateurs qui permettaient de comparer la façon dont elles gèrent l'argent des contribuables.

Robert Gagné avait estimé l'an dernier que cette décision était le résultat d'un « copinage malsain entre le gouvernement et les municipalités ». Difficile de ne pas lui donner raison tant le geste est à la fois incompréhensible et indéfendable.

Alexandre Cusson, maire de Drummondville, soutenait dans nos pages hier que les données n'étaient « pas toujours fiables ». Qui veut noyer son chien l'accuse d'avoir la rage...

La perfection n'est pas de ce monde, bien sûr. Mais dans les faits, la compilation des données permettait une radiographie inédite et extrêmement utile des sommes dépensées par les municipalités d'un bout à l'autre de la province.

Une trentaine d'indicateurs de gestion étaient examinés. De la croissance du taux d'endettement au coût du service de police par habitant, en passant par les coûts d'entretien et de déneigement de chaque kilomètre de voie routière.

En matière de saine gestion, pas de doute, le ministère des Affaires municipales mérite un prix citron.

Par contre, il faut louer les efforts de la Ville de Montréal, qui, elle, redouble d'efforts afin d'évaluer et de comparer ses performances.

Non seulement Montréal continuera à publier les renseignements naguère exigés par Québec, mais l'administration du maire Denis Coderre a placé la barre encore plus haut. En 2014, elle est devenue membre du Réseau d'étalonnage municipal du Canada. Objectif : se comparer avec une quinzaine de municipalités au pays (on parle ici de pas moins de 148 indicateurs).

La décision a permis à la Ville d'avoir une meilleure idée de ses forces et faiblesses en matière de gestion. Elle a même déjà mis sur pied une douzaine de groupes de travail qui tentent d'optimiser, à la lumière de ces comparaisons, divers services offerts. De veiller, par exemple, à ce que le contribuable montréalais puisse en avoir plus pour son argent en matière de collecte des déchets.

La décision prise par Montréal lui permet, tant et aussi longtemps qu'elle continue de participer à cet exercice, de mettre ses citoyens à l'abri des errements de Québec. Et elle démontre de façon encore plus flagrante à quel point le gouvernement provincial fait fausse route.

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