«Toutes les options sont sur la table.» Lors de sa tournée en Asie la semaine dernière, le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, a haussé le ton à l'égard de la Corée du Nord.

Il a affirmé que l'approche mise de l'avant depuis de nombreuses années par Washington, qualifiée de «patience stratégique», était terminée.

Jusqu'à quel point les États-Unis sont-ils dorénavant impatients?

«Nous ne voulons pas que les choses en viennent au conflit militaire», a d'abord spécifié le diplomate en chef des États-Unis. Mais du même souffle, il a déclaré qu'en cas d'escalade, l'option militaire pouvait être envisagée.

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La menace nord-coréenne est réelle et s'accentue rapidement en raison des avancées du programme nucléaire du pays, jumelées à celle du programme balistique. Barack Obama a d'ailleurs recommandé à Donald Trump d'en faire sa priorité en matière de sécurité nationale.

Cette menace est double. Kim Jong-un peut évidemment attaquer ses voisins. Il peut également vendre les technologies nucléaires de son pays à des individus aussi peu fréquentables que lui.

Donald Trump devrait-il, alors, être tenté de répondre par la bouche de ses canons aux provocations de Kim Jong-un? Surtout pas.

Un journaliste du New York Times a consulté des experts il y a quelques jours pour tenter d'évaluer de quoi aurait l'air un tel scénario. En un mot : apocalyptique.

«En cas de guerre, on estime que la Corée du Nord prévoit des attaques nucléaires contre les bases aériennes et les ports importants en Corée du Sud et du Japon, freinant ainsi toute invasion américaine avant même qu'elle puisse véritablement débuter», a-t-il écrit.

«En même temps, des attaques nucléaires et chimiques contre les principaux centres de population viseraient à traumatiser le monde dans le but de provoquer une capitulation», a-t-il ajouté.

En somme, toute attaque américaine provoquerait vraisemblablement des représailles destructrices.

Si Donald Trump manifeste une impatience réelle dans le dossier nord-coréen, tant mieux. Il y a urgence. Mais Washington ne doit pas être sur le sentier de la guerre. Cette impatience doit plutôt être canalisée dans la direction d'une solution diplomatique à cette crise si difficile à résoudre.

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Lorsqu'il était en campagne électorale, Donald Trump a souligné qu'il serait prêt, une fois élu, à rencontrer Kim Jong-un. Dans l'une de ces déclarations excentriques dont lui seul a le secret, il a dit qu'il serait prêt à accueillir le dictateur nord-coréen en sol américain. Mais pas dans le cadre d'un dîner d'État, a-t-il expliqué.

Car ni Kim Jong-un ni les leaders chinois ne méritent, selon lui, une telle rencontre. «On ne devrait pas avoir de dîners, a lancé Donald Trump. On devrait manger un hamburger sur une table de conférence.»

L'idée d'un «sommet du burger» était abracadabrante. Mais l'idée de dialoguer avec la Corée du Nord, elle, est la bonne.

Malheureusement, depuis son arrivée à la Maison-Blanche, ni Donald Trump ni son secrétaire d'État n'ont fait d'efforts réels pour relancer les discussions. Le président américain s'est contenté de pester, sur son compte Twitter, contre la Corée du Nord et la Chine, rare alliée de Kim Jong-un.

Les conseillers de Donald Trump auraient avantage à lui faire comprendre que cette crise ne se réglera pas avec des tweets.

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