D'abord, ce chiffre : 14. Toutes les 14 minutes, un Canadien meurt d'une maladie causée par le tabac. Ça représente, chaque année, plus de 37 000 décès.

La statistique est citée par Santé Canada dans un récent document sur «l'avenir de la lutte contre le tabagisme».

Cette épidémie, on le sait, n'a pas qu'un coût humain. On évalue à 17 milliards de dollars par année le «fardeau» imposé à la société. Notre système de santé, notamment, écope.

Ces statistiques sont accablantes.

Pourtant, Santé Canada indique aussi que 115 000 personnes ont commencé à fumer sur une base quotidienne au cours de l'année 2015.

Quel paradoxe...

Et globalement, 15% des Canadiens utilisent encore des produits du tabac, soit 4,6 millions de personnes (dont 3,9 millions de fumeurs de cigarettes).

Ça signifie que les nombreuses mesures prises ces dernières années pour freiner le tabagisme ont eu un impact, mais qu'elles n'empêchent pas encore assez de Canadiens de se laisser tenter par la cigarette.

Et que parmi tous ceux qui sont déjà dépendants - appelons un chat un chat, le tabac est fortement addictif -, bon nombre n'arrivent pas à retrouver leur liberté.

D'où l'idée, au gouvernement fédéral, de vouloir «moderniser» l'approche en matière de lutte contre le tabagisme, un peu comme Québec l'a fait l'an dernier. Une consultation vient d'être lancée.

Ottawa s'est donné un objectif ambitieux : réduire le taux de tabagisme au pays à moins de 5% d'ici 2035.

Réaliste? Chose certaine, ce n'est pas farfelu. Certains pays (la Nouvelle-Zélande et l'Irlande, par exemple) ont déjà dit vouloir atteindre cet objectif en 2025, soit 10 ans avant le Canada.

Ça signifie par contre que les efforts devront être aussi soutenus qu'efficaces.

Parmi les solutions envisagées : imposer un «emballage neutre» pour les cigarettes et faire passer à 21 ans l'âge minimum pour en acheter, comme dans certains États américains. On souhaite aussi continuer à encourager le vapotage, mais mieux l'encadrer, entre autres en ce qui concerne la composition du produit et ses arômes.

Autre option pertinente, on songe à responsabiliser davantage l'industrie, qui continue à empocher des milliards partout dans le monde grâce aux produits du tabac.

On pourrait par exemple réclamer une «réduction du pouvoir addictif» de ces produits ou même forcer l'industrie à contribuer financièrement à la lutte contre le tabagisme. C'est le cas en France, où certains utilisent l'expression «catastrophe sanitaire» pour parler des conséquences du tabagisme.

Soyez prévenus : vous devez vous attendre à des pleurs et des grincements de dents au cours des prochaines années. Le puissant lobby des fabricants de tabac luttera - comme ceux qui prennent sa défense en reprochant à nos élus de persécuter les fumeurs - vigoureusement pour empêcher Ottawa d'atteindre son objectif.

Il est conscient que moins les Canadiens fument, plus ses profits partent en fumée.

Nos élus font pourtant preuve de bon sens en tentant de limiter les dégâts faits par cette industrie. Trop de vies partent encore en fumée.

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