Si vous n'êtes pas du côté de Donald Trump, vous faites forcément partie de ses ennemis.

C'est l'une des techniques utilisées par les politiciens populistes. Ils affirment d'abord qu'ils sont les seuls à détenir la vérité. Les seuls à savoir ce que « le peuple » réclame et ce dont il a besoin.

Ensuite, le populiste clame haut et fort, avec une ferveur quasi religieuse, que tous ceux qui s'opposent à cette vérité sont des adversaires. Qu'ils doivent se joindre à lui ou se taire.

Les journalistes figurent bien sûr parmi ceux qui irritent le plus les populistes. Ils les détestent autant que les chats détestent l'eau.

On a d'ailleurs pu constater au cours de la dernière année que les reporters font partie des ennemis du président américain désigné. Ils représentent « la plus abjecte forme de vie », a-t-il même déclaré en août dernier.

On a donc l'impression que la chasse aux sorcières, en sol américain, ne fait que commencer. Les attaques n'ont d'ailleurs pas cessé ces dernières semaines.

L'une des plus récentes a été menée par l'ancien président de la Chambre des représentants du Congrès américain, Newt Gingrich, fidèle allié de Donald Trump.

Il a récemment réagi avec un cynisme saisissant aux préoccupations de divers médias traditionnels quant à la multiplication des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. « L'idée que le New York Times s'inquiète des fausses nouvelles est vraiment étrange. Le New York Times, c'est des fausses nouvelles ! », a-t-il déclaré.

De quoi donner raison à ceux qui craignent le pire, comme le professeur de journalisme new-yorkais Jay Rosen, et qui affirment que le journalisme aux États-Unis va traverser « une période sombre ».

C'est, hélas, plausible. D'autant plus que cette montée du populisme chez nos voisins du Sud survient à une époque où les faits ont la vie dure. « Post-vérité » a été choisi comme mot de l'année 2016 par le dictionnaire britannique Oxford parce que, dorénavant, « les faits comptent moins que l'émotion ».

Nous ne sommes d'ailleurs pas à l'abri de cette tendance, « alimentée par la montée en puissance des réseaux sociaux en tant que source d'information et [par] la méfiance croissante vis-à-vis des faits présentés par l'establishment ».

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Bon nombre de journalistes ici et ailleurs luttent pour faire triompher la vérité. Pour rapporter des faits, de la façon la plus rigoureuse possible.

Ils se retrouvent forcément en travers du chemin emprunté par les populistes. Car ce chemin est souvent pavé de mensonges (c'est particulièrement vrai dans le cas de Donald Trump) et de demi-vérités.

Certains Américains ont visiblement compris à quel point le journalisme de qualité sera particulièrement crucial à l'avenir. Le New York Times, par exemple, a dit avoir vu son nombre d'abonnés grimper de façon inédite dans la foulée de l'élection de Donald Trump.

Il y a là des raisons d'espérer.

Nos voisins ont besoin plus que jamais de journalistes qui se retroussent les manches et produisent de l'information de qualité. Et de citoyens exigeants qui n'acceptent pas de laisser aux populistes le monopole de la vérité.

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