Pompier.

Pyromane.

Les deux mots ont été utilisés à plusieurs reprises pour décrire le président syrien Bachar al-Assad.

Il est important d'y revenir - alors qu'Alep est à feu et à sang - et d'en expliquer la signification pour comprendre deux choses fondamentales.

1. Pourquoi le triomphe d'Assad à Alep sonne faux ;

2. Pourquoi Assad ne doit pas faire partie de l'équation pour la suite des choses en Syrie.

Commençons par souligner comment, jeudi, il a annoncé sa victoire à Alep en des termes pompeux. « L'histoire se dessine maintenant. C'est bien plus important que de simples félicitations », a-t-il dit dans un bref message vidéo.

Il a dit ça avec la satisfaction du pompier qui vient d'éteindre un feu que plusieurs jugeaient hors de contrôle. Car il a su tenir en échec les rebelles regroupés à Alep, dont faisaient partie, il est vrai, bon nombre de djihadistes.

Le problème, c'est qu'Assad est aussi l'un de ceux qui ont allumé ce feu - à Alep et ailleurs en Syrie - et qui ont par la suite jeté de l'huile dessus.

Revenons en arrière. Dès le soulèvement d'une partie des Syriens, en mars 2011 (vous vous souvenez du Printemps arabe ?), Assad a compris que sa seule chance de survie serait de convaincre le monde qu'il ne devait pas être renversé.

Il lui fallait créer un faux dilemme : affirmer qu'à la tête du pays, ce serait soit lui, soit des fous de Dieu.

Il y avait pourtant une troisième option :  des opposants plus modérés, qui rêvaient simplement de réformes et de plus de liberté. Assad devait donc les diaboliser. En un mot, tricher.

Il a rapidement affirmé que les islamistes radicaux voulaient le renverser, même si au départ, ceux-ci n'étaient pas à la tête du soulèvement.

Encore plus perfide, il a « libéré de ses geôles plus d'un millier de cadres et de ténors djihadistes qui se sont empressés de s'organiser et de recruter des combattants pour prendre part au conflit armé dans les villes syriennes », comme le rappelait récemment l'un des rédacteurs en chef du quotidien libanais L'Orient-Le Jour.

C'est comme si le dictateur syrien avait scié la branche sur laquelle il était assis, sachant qu'on risquait alors de venir à sa rescousse avec nettement plus d'enthousiasme. C'est exactement ce qui s'est produit.

Ajoutez à cette stratégie le fait que les diverses manoeuvres d'Assad ont transformé cette rébellion en conflit sectaire entre chiites et sunnites et vous comprenez pourquoi le dictateur est aussi un naufrageur. Il ne pourra jamais réparer les pots cassés et ramener une paix durable.

Il faut sans contredit poursuivre la lutte contre le groupe État islamique et les autres djihadistes. Mais il faut aussi penser à un plan de match pour permettre aux Syriens de sortir de ce chaos.

Assad n'est pas en mesure de proposer des solutions. Il n'a plus, non plus, la légitimité nécessaire pour faire partie de ces solutions. N'en déplaise à ses plus précieux alliés, Vladimir Poutine, le régime iranien et le président américain désigné Donald Trump.

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