Montréal est la locomotive du Québec, c'est incontestable. On l'a dit, on l'a écrit et on le répète, avec raison. Mais ce qui est tout aussi indéniable, c'est qu'elle ne roule pas toujours aussi vite qu'elle le devrait.

Un des problèmes - on l'a également dit, écrit et répété - , c'est qu'elle ne dispose pas des pouvoirs et des ressources financières qui devraient logiquement lui revenir.

« En réalité, c'est la bureaucratie provinciale qui dirige les villes », soulignait un rapport déposé par les maires de Montréal et de Québec en 2014. Les maires avaient alors réclamé « un nouveau pacte » pour leurs villes. Ils ont été entendus.

Le gouvernement libéral a déposé hier un projet de loi « augmentant l'autonomie et les pouvoirs de Montréal », qui s'ajoute à celui présenté mardi sur le statut de « gouvernement de proximité » des municipalités.

La première étape de cette stratégie avait été annoncée en juin : un projet de loi offrant à la Ville de Québec le statut de capitale nationale, assorti de nouveaux pouvoirs.

Mais revenons à Montréal, dont Denis Coderre avait illustré les problèmes cet automne avec une métaphore de son cru : « Tu ne peux pas être une métropole et dire : je suis la locomotive et c'est les wagons qui tirent. »

Le projet de loi déposé hier offrira bel et bien plus de puissance à la locomotive.

Il permet par exemple à Montréal d'accorder des crédits de taxes et lui octroie plus de responsabilités en matière d'intégration des immigrants (mais sans argent frais) et de développement de l'habitation. C'est aussi la Ville qui, dorénavant, déterminera les heures d'ouverture des commerces et les heures d'exploitation des permis d'alcool, un cheval de bataille du maire.

On promet aussi, dans ce projet de loi, une meilleure coordination avec Québec - entre autres - sur le plan de la culture et du patrimoine et dans le cadre de la lutte contre l'itinérance.

Quant au nerf de la guerre, l'argent, on promet d'injecter 10 millions l'an prochain spécifiquement pour le développement économique. Cette somme grimpera chaque année, pour atteindre 50 millions dans cinq ans.

Ce n'est pas le pactole, direz-vous. Vous avez raison.

D'ailleurs, sachez que si le projet de loi fait disparaître plusieurs sources d'irritation, il ne répond pas à l'ensemble des recommandations faites l'an dernier par le comité de travail sur le statut de la métropole.

Par-dessus tout, on n'offre pas à la Ville de réelle possibilité de diversifier ses sources de revenus, comme elle le réclame depuis si longtemps.

Cela dit, à l'aube de son 375e anniversaire, s'il faut en croire Québec, Montréal figure maintenant parmi les priorités du gouvernement provincial. Ce dernier a promis de développer le « réflexe Montréal ». De penser aux spécificités de la ville lors de l'élaboration de toutes les « lois, politiques et directives ».

Cela, en soi, se fête. Même si on n'a pas donné à Montréal tous les moyens de ses ambitions.

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