« On oublie l'autopartage. »

C'est ce que Denis Coderre avait déclaré en pleine campagne électorale, il y a trois ans, quand on lui avait demandé de commenter l'implantation potentielle d'un deuxième service d'autopartage à Montréal : car2go.

Heureusement, l'entreprise a néanmoins fini par se trouver une niche à Montréal, comme elle l'a fait dans 28 autres villes dans le monde. Dans les rues de notre métropole, elle a fait grimper le nombre de ses véhicules de 250 à 460 en trois ans. Elle compte actuellement 43 000 membres.

Communauto, pour sa part, offre 1550 véhicules aux Montréalais et franchira bientôt le cap des 50 000 membres.

Il est important de citer ces chiffres pour montrer à quel point cette initiative, aussi louable soit-elle, demeure marginale. On parle d'un total de quelque 2000 véhicules sur plus de 750 000 à Montréal.

Et l'une des raisons pour lesquelles cette offre demeure marginale, c'est que si la Ville de Montréal a cru à l'autopartage et a contribué à son essor, elle n'a en revanche jamais fait preuve d'un enthousiasme délirant à son égard.

Il faut le rappeler et le déplorer alors qu'on cherche des moyens d'atténuer la congestion des rues de notre métropole, sachant que les chantiers vont se multiplier au cours des prochaines années.

Il faut le rappeler et le déplorer d'autant plus que pour chaque automobile partagée à Montréal, il y aurait une dizaine de véhicules de moins sur nos routes, estiment certaines études.

Ce n'est pas sorcier. Le nombre de véhicules ne cesse malheureusement pas d'augmenter à Montréal. Il faut le faire diminuer. Et encourager l'autopartage - tout comme déployer des stratégies pour faire croître le nombre d'usagers des transports en commun, de cyclistes ou de marcheurs - est tout simplement logique.

Pourtant, ces derniers mois, la Ville a continué de chercher des poux à Communauto et à car2go.

Ces deux entreprises déploient actuellement de plus en plus de voitures en libre-service ; celles qu'un usager peur prendre dans une rue et laisser dans une autre. Le mois dernier, elles ont dénoncé « l'hostilité de l'administration Coderre » à leur égard.

Montréal avait entre autres tenté de court-circuiter leurs efforts en tentant d'encadrer avec des règles excessivement strictes l'implantation de 1000 nouvelles voitures électriques en libre-service. Réjouissons-nous, la Ville semble avoir, depuis, mis de l'eau dans son vin.

Elle a toutefois décidé d'augmenter de 30 % le coût d'une vignette pour chaque véhicule, le faisant grimper à 1320 $ par année (à titre de comparaison, Vancouver exige environ 70 $/an). Et elle continue de mettre d'autres freins à leur développement. Parlez-en aux responsables de Communauto, qui rêvent d'avoir accès à plus de stationnements à longueur d'année le long des rues ou dans des endroits plus visibles.

En somme, en 2016, plus de 20 ans après l'arrivée des premiers véhicules de Communauto dans les rues de Montréal, les entreprises d'autopartage doivent encore lutter pour se faire une place au soleil.

Malgré tout, notre ville est l'une de celles, dans le monde, où l'autopartage est le plus en vogue. Arrêtez-vous un instant et demandez-vous où on en serait aujourd'hui si nos élus avaient passé les 20 dernières années à en vanter les mérites et en favoriser le développement avec le pied sur l'accélérateur !

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