Pendant plusieurs mois, lors de la course à la direction du Parti républicain, Donald Trump a été en mesure de voler la vedette à ses rivaux à coups d'insultes et de déclarations incendiaires.

En se donnant en spectacle.

Hier, pour la première fois lors d'un débat depuis le lancement de sa campagne, il a dû faire face à un feu roulant de questions sérieuses et y répondre sans se défiler.

Ça n'a pas été facile. Il a parfois eu l'air d'un boxeur dans les câbles.

Son défi était de démontrer qu'il a l'étoffe d'un président. D'atténuer les doutes qu'on entretient à son sujet, notamment en ce qui a trait à son manque d'expérience (et de connaissances) et à son tempérament.

Il a eu du mal à le relever.

Tellement que, vers la fin du débat, lorsqu'il a déclaré qu'il avait un « bien meilleur tempérament » que sa rivale, on a pu entendre des éclats de rire dans la salle où se déroulait la rencontre.

Ce qu'il a démontré à plusieurs reprises au cours du débat, par contre, c'est qu'il « vit dans sa propre réalité », comme l'a déploré Hillary Clinton.

Une réalité où son pays est terrorisé par des gangs dont plusieurs membres sont « des immigrants illégaux » qui « ont des armes à feu et tirent sur les gens ». Et où il faut répondre aux tensions raciales actuelles avec une main de fer.

Une réalité selon laquelle l'économie de son pays est en sursis, « dans une bulle », et où la banque centrale américaine fait de la politique en maintenant les taux d'intérêt artificiellement bas pour aider les démocrates.

Une réalité où il estime que s'il n'a pas payé d'impôts - impossible de le savoir puisqu'il refuse de dévoiler ses déclarations de revenus -, ça signifie qu'il est « intelligent ». Et que ce n'est pas grave car cet argent « aurait été gaspillé » par le gouvernement.

Ni le modérateur ni Hillary Clinton n'ont laissé Donald Trump s'en tirer avec ses mensonges et ses demi-vérités, comme ce fut trop souvent le cas au cours des derniers mois.

Notamment lorsque le sujet des rumeurs sur le lieu de naissance de Barack Obama est revenu sur le tapis et que le candidat républicain a encore tenté d'en rejeter la responsabilité sur sa rivale. Ou lorsqu'il a persisté à nier qu'il était opposé à la guerre en Irak en 2003 avant son déclenchement.

On passera certainement de nombreuses heures en sol américain à affirmer que Donald Trump devra mieux se préparer pour les deux prochains débats. Car l'heure n'était plus au spectacle, hier soir, et il n'avait pas l'air prêt à faire face à la musique.

Sa rivale l'était, elle. Elle avait même prévu une phrase toute simple à ce sujet qui, rétrospectivement, aura été une des meilleures lignes de la soirée : « Oui, je me suis préparée pour ce débat, car je me prépare à être présidente. »

Ce qui explique que le contraste entre Hillary Clinton et Donald Trump était si frappant. Et ce qui permet d'affirmer, à l'issue de ce premier débat fort utile, que le choix entre les deux candidats est dorénavant nettement plus clair pour les électeurs américains.

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