Être délogé du pouvoir, pour un parti politique, peut parfois être une expérience traumatisante. L'histoire a d'ailleurs démontré qu'il n'est pas toujours facile de s'en remettre.

Pourtant, le blues des conservateurs fédéraux, vaincus par les libéraux de Justin Trudeau l'automne dernier, ne semble pas vouloir s'éterniser.

Réunis en congrès à Vancouver au cours des derniers jours, quelque 2000 délégués du parti ont montré qu'ils envisagent déjà l'avenir avec un enthousiasme certain. Et qu'ils reconnaissent, fort heureusement, que cet avenir passe par le changement.

Bon nombre de ces délégués ont semblé avoir compris que l'héritage politique de Stephen Harper, particulièrement sur le plan social et dans les dossiers environnementaux, est empoisonné.

Plusieurs ont compris qu'ils doivent mettre de l'eau dans leur vin s'ils veulent se rapprocher d'un plus grand nombre d'électeurs et avoir une véritable chance de reprendre le pouvoir dès le prochain scrutin, en 2019.

Ils ont ainsi renié la définition rétrograde du mariage inscrite dans le programme du parti qui, restrictive, désignait uniquement l'union entre un homme et une femme. Il était plus que temps. Les unions entre conjoints de même sexe sont légales depuis plus de 10 ans.

Notons aussi ce vote en faveur de la décriminalisation de la possession simple de marijuana (que les libéraux ont promis de légaliser). Là encore, les conservateurs se rapprochent de l'opinion publique à ce sujet.

Sans compter que le parti semble vouloir amorcer un virage vert. Les délégués ont voté pour l'adoption de normes plus strictes en matière d'efficacité du carburant et pour des restrictions sur les émissions de polluants à la source du smog. Certains de leurs ténors ont par ailleurs profité de l'événement pour tenter de convaincre leurs pairs du bien-fondé de lutter avec conviction contre les changements climatiques.

Le parti aura toutefois fort à faire pour convaincre les Canadiens de sa bonne foi dans ce dossier. Son message, pendant dix ans, était qu'il s'en préoccupait. En revanche, ses gestes prouvaient que c'était le dernier de ses soucis. Une telle hypocrisie a assez duré.

Ce qui démontre également que les conservateurs sont en train de reprendre contact avec la réalité de la majorité des Canadiens, c'est le buzz qui entoure une éventuelle candidature de Bernard Lord à l'investiture du parti.

Le nom de cet ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick semble actuellement susciter plus d'enthousiasme que ceux des politiciens associés à Stephen Harper (Jason Kenney, Peter Mackay ou Maxime Bernier, par exemple). Cet intérêt pour sa candidature est révélateur d'un désir de tourner la page sur l'ère Harper et de confier la direction du parti a un conservateur nettement plus progressiste.

C'est une excellente nouvelle. Seul le choix d'un chef modéré et pragmatique, aux antipodes d'un idéologue comme Stephen Harper, permettra à la formation politique de compléter sans complaisance le virage que viennent d'amorcer, timidement, ses délégués.

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