Qu'est-ce que Justin Trudeau devrait offrir en cadeau à Barack Obama ? Une bouteille de vin de la Colombie-Britannique ? Des disques d'artistes canadiens ? Qui, par ailleurs, sera le designer de la robe choisie par la femme du premier ministre, Sophie Grégoire ?

Toutes ces questions ont été soulevées par le quotidien The Globe and Mail la semaine dernière. Car le premier ministre canadien sera accueilli cérémonieusement, jeudi, par le président américain pour un dîner d'État.

Cet intérêt un brin superficiel est un peu normal. D'abord, ce genre d'invitation, hautement symbolique, est rarissime. La dernière fois qu'un premier ministre canadien y a eu droit, c'était il y a... 19 ans (Jean Chrétien, sous Bill Clinton).

Ensuite, ce dîner est, en quelque sorte, l'équivalent en politique américaine de ce que représente un événement comme les Oscars pour le milieu du cinéma. C'est une cérémonie prestigieuse à laquelle sont conviés de nombreux politiciens, mais également des vedettes.

Il ne faut cependant pas perdre de vue l'importance politique de l'événement et les retombées potentielles sur la relation entre Ottawa et Washington. Il y aura, ce jour-là, des discussions sérieuses et substantielles entre Justin Trudeau et Barack Obama, tout comme il y en aura entre de nombreux ministres issus des cabinets des deux politiciens.

À Ottawa, on a déjà fait savoir qu'on souhaite mettre de l'avant une stratégie commune avec notre puissant voisin sur l'environnement et les changements climatiques.

On abordera le sujet de la frontière, où sécurité et fluidité demeurent des priorités. On sait aussi que l'accord sur le bois d'oeuvre entre le Canada et les États-Unis est échu depuis l'automne dernier. Il faut, jeudi à Washington, discuter d'un renouvellement de l'entente et expliquer la position du Québec dans ce dossier.

L'événement permettra aussi de mettre un peu de baume sur les plaies. La relation entre les deux pays a été tumultueuse ces dernières années.

La valse-hésitation de l'administration américaine dans le dossier de l'oléoduc Keystone XL a profondément irrité le gouvernement de Stephen Harper. Et ce dernier a bien pris soin de manifester son agacement, de façon pas toujours très diplomatique.

Justin Trudeau et ses ministres devront par ailleurs probablement justifier à nouveau, de vive voix, le changement de stratégie pour lutter contre le groupe État islamique et leurs contorsions au sujet du Partenariat transpacifique. Cet accord est important pour Obama, qui le voit comme faisant partie de son héritage politique.

Justin Trudeau estime d'ailleurs que le fait qu'Obama en soit à sa dernière année au pouvoir est loin d'être un handicap pour le Canada. « Je veux bien commencer - dans ma première année - et il veut bien finir. Alors il y a l'opportunité pour s'aligner sur bien des enjeux », avait-il déclaré le mois dernier, en entrevue éditoriale à La Presse.

Il y a longtemps qu'un premier ministre canadien n'avait pas suscité chez nos voisins un tel intérêt. L'occasion est belle, pour Justin Trudeau, de profiter de ce capital de sympathie pour remettre la relation avec le Canada parmi les priorités de la Maison-Blanche.

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