En 2006, quatre ans après l'arrivée des premiers prisonniers à Guantánamo, un politicien américain renommé s'est montré enclin à fermer l'établissement et sa déclaration a fait grand bruit. « J'aimerais beaucoup en finir avec Guantánamo », avait-il dit.

De qui s'agit-il ?

Non, ce n'était pas Barack Obama, qui était à cette époque le sénateur - plutôt discret - de l'Illinois au Congrès américain. C'était plutôt le président George W. Bush.

Il était en train de se rendre compte que, sous sa gouverne, les attaques terroristes de septembre 2001 avaient servi de prétexte à de trop nombreuses dérives innommables. Il avait vraisemblablement réalisé que Guantánamo était l'ultime symbole de cette période sombre de l'empire américain.

On connaît la suite. En 2008, Barack Obama, en campagne, a promis qu'il fermerait la prison une fois élu. Et cette semaine, huit ans plus tard, il a rendu public un ultime plan pour y arriver.

Huit ans sans résultats tangibles à ce sujet, ça donne à l'engagement du politicien démocrate, incontestablement, des allures de promesse en l'air.

Comme dans plusieurs autres dossiers qui font du surplace, ce sont pourtant les membres du Congrès qui doivent par-dessus tout être montrés du doigt. Ce sont eux qui ont le dernier mot à ce sujet. Et ils ne veulent rien entendre. Ils ont même déjà légiféré pour empêcher le versement de toute somme destinée au transfert des détenus de Guantánamo en sol américain.

Mais Barack Obama est aussi partiellement responsable de cette impasse. Même s'il s'est empressé de mettre fin à l'usage de la torture et des prisons secrètes par la CIA, il n'a pas fait de la fermeture de Guantánamo une priorité dès le début de son premier mandat. Il aurait peut-être pu, à l'époque, convaincre une majorité de membres du Congrès américain (alors contrôlé par les démocrates) du bien-fondé de l'initiative.

Certains juristes affirment que la Constitution lui donne le droit de fermer unilatéralement cette prison, mais le succès d'une telle tentative est loin d'être garanti. C'est vraisemblablement le prochain président américain qui devra trancher.

Ce qui est inquiétant, c'est que les trois meneurs de la course à l'investiture du Parti républicain, dans ce dossier, sont aux antipodes de Barack Obama.

« Agrandissez-la et accueillons-y de nouveaux terroristes », a lancé Ted Cruz, faisant écho à son rival, Marco Rubio. Quant à Donald Trump, il a promis de « réintroduire » la simulation de noyade - supplice autorisé par la Maison-Blanche sous George W. Bush - et de faire subir « bien pire » à certains détenus. C'est indécent.

Non seulement l'existence de cette prison n'est plus moralement soutenable, mais comme l'a dit Barack Obama, elle « ne permet pas de renforcer » la sécurité nationale des États-Unis, « elle l'affaiblit ». Ça, même George W. Bush avait fini par le comprendre.

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