On a qualifié le phénomène de « ruée vers l'or ».

Le gros lot record de quelque 1,5 milliard de dollars US à la loterie Powerball a poussé les Américains à faire la queue dans (et devant) les dépanneurs pour acheter des billets. Délirant !

Ce gros lot a aussi fait rêver bon nombre de Québécois. Plusieurs ont tenté de rafler la mise.

Les médias canadiens, à l'exemple des médias américains, ont joué le jeu. Ils ont multiplié les reportages à ce sujet. Ce qui a forcément amplifié l'intérêt pour cette loterie de ce côté-ci de la frontière.

Certains ont même directement contribué à cet engouement. Un chroniqueur d'une radio de Québec s'est rendu aux États-Unis pour acheter des billets au nom de quelques milliers d'auditeurs. « C'est unique, ça ne se reproduira plus », a-t-il lancé.

Or, tout indique que ce phénomène va se reproduire.

Parce que ce gros lot record n'est pas un hasard. Il y a quelques mois, les règles du jeu ont été modifiées dans le but de rendre le grand prix encore plus difficile à remporter. On doit maintenant choisir les cinq premiers chiffres de son billet de tirage parmi 69 possibilités, plutôt que 59 comme auparavant.

De savants calculs ont démontré que les chances qu'un gros lot franchisse le cap du milliard étaient jadis de 8,5 % sur une période de cinq ans. Elles sont maintenant de 63,4 %.

Le « blogue libéral » américain Think Progress a comparé ce tour de passe-passe à une « escroquerie » visant à pousser plus de gens à acheter des billets. « La perspective de gros revenus génère une intense couverture médiatique gratuite, ce qui encourage les gens à spéculer quant à l'impact qu'aurait un tel gain sur leur vie ».

Escroquerie... Le mot est fort. On ne force personne à acheter un billet de Powerball. Mais on peut très certainement affirmer qu'il s'agit d'une astucieuse machination de la part des responsables de cette loterie. Et que les véritables gagnants, ce sont eux.

Leurs pratiques sont d'autant plus répréhensibles que la loterie, on le sait depuis longtemps, est une taxe sur le rêve dont les moins nantis font les frais.

Au Canada, les ménages qui ont un revenu de moins de 20 000 $ injectent une proportion de leur revenu nettement plus élevée dans les jeux de hasard que ceux qui gagnent plus de 80 000 $ par année.

Les appareils de loterie vidéo dans les quartiers défavorisés ou la popularité du jeu en ligne inquiètent davantage les experts en santé publique que la loterie. Ceux-ci estiment tout de même que le phénomène Powerball est préoccupant.

Parce que certains en viennent à dépenser, pour des billets, des sommes qu'ils devraient utiliser pour leurs besoins essentiels. Ou parce que la frénésie actuelle peut provoquer des rechutes parmi ceux qui ont déjà eu des problèmes de dépendance au jeu.

Rien ne nous interdit de rêver, pourvu qu'on garde à l'esprit que l'engouement pour Powerball n'est ni fortuit ni inoffensif.

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