« La démocratie est le pire des régimes », a déjà dit malicieusement Winston Churchill, précisant du même souffle : « à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé ».

Bref, on n'a pas, jusqu'ici, trouvé mieux.

Nos systèmes démocratiques ont bien des défauts, personne ne le nie. Mais quand on se compare aux citoyens des pays où les dirigeants sont allergiques à la démocratie, on se console...

Il faut donc continuer de lutter pour faire progresser la démocratie et la liberté dans un coin ou un autre de la planète. Et se réjouir lorsque ça fonctionne. D'autant que ces jours-ci, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Depuis une dizaine d'années, il est clair que ce sont les Vladimir Poutine de ce monde qui gagnent du terrain.

C'est pourquoi, en cette fin d'année, il est bon de rappeler - et de saluer - ce qui s'est passé à l'automne dans un pays de 50 millions d'habitants coincé entre la Chine et l'Inde : la Birmanie. Un scrutin historique y a eu lieu le 8 novembre. Il a toutefois été relégué au second plan par l'actualité brûlante. En particulier par les attentats terroristes perpétrés à Paris cinq jours plus tard.

La modération et la ténacité de l'icône des Birmans, Aung San Suu Kyi, méritent pourtant de faire la une des journaux, autant sinon plus que la barbarie des djihadistes du groupe État islamique.

Les efforts de cette lauréate du prix Nobel de la paix ont mené aux premières élections libres depuis 1990 dans un État dirigé d'une main de fer par des militaires tyranniques.

Soyons clairs, il ne s'agit pas d'un changement de cap à 180 degrés. L'armée s'est assuré de conserver 25 % des sièges au Parlement. Elle garde aussi des pouvoirs importants, comme celui de nommer unilatéralement le ministre de la Défense et celui de l'Intérieur. 

Par-dessus tout, l'armée a rédigé la Constitution de telle façon qu'Aung San Suu Kyi ne pourra jamais devenir présidente.

En revanche, la tyrannie dans ce pays a, indiscutablement, du plomb dans l'aile. Le pays a véritablement pris le chemin de la démocratie. Les conditions gagnantes ayant mené à ces développements positifs doivent être analysées dans l'espoir qu'elles se reproduisent ailleurs.

Les sanctions, dans ce cas précis, semblent avoir eu l'effet escompté, même si ce n'est bien évidemment pas la seule chose qui a poussé le régime à mettre de l'eau dans son vin. Elles étaient appliquées par de nombreux pays occidentaux, incluant le Canada. Ces pays, encouragés par Washington, ont promis à l'armée birmane un allègement des sanctions en échange d'une feuille de route pour une transition démocratique.

Les militaires peuvent toujours changer d'avis. C'est pourquoi il faut se réjouir prudemment. Mais en cette année où les bonnes nouvelles ont été rares sur le plan international, il ne faudrait tout de même pas passer sous silence la fin de la grande noirceur en Birmanie.

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