Dans le coin droit : les cols bleus de Montréal. Dans le coin gauche : Denis Coderre.

Les premiers ont frappé la semaine dernière. Ils se sont réunis au Palais des congrès alors qu'ils avaient été sommés de ne pas le faire. Lors de ce « débrayage illégal », ils ont laissé entendre que les « bonnes vieilles méthodes » étaient de retour.

Le maire de Montréal, lui, a riposté hier. Le coup qu'il a donné a été encore plus spectaculaire. Son administration a dit vouloir suspendre quelque 2400 cols bleus pendant une semaine, sans salaire. La présidente de leur syndicat et trois autres responsables sont pour leur part suspendus pendant deux mois.

Il est tentant de penser que le maire de Montréal vient de remporter le premier round de ce qui s'annonce comme un affrontement de longue haleine. Il s'est déjà décrit comme un « shérif ». Il prouve avec ces sanctions se voulant exemplaires qu'il entend faire respecter la loi et l'ordre.

Toutes les conditions étaient réunies pour que la Ville punisse les cols bleus avec fermeté.

Rares sont les groupes qui, dans la société québécoise, sont aux prises avec un problème d'image aussi sérieux que ces travailleurs. Denis Coderre, au contraire, jouit encore d'un immense capital de sympathie auprès de la population.

Mais au-delà de ce préjugé défavorable à l'égard des cols bleus, force est d'admettre qu'ils ont dépassé les bornes.

 - La Commission des relations du travail a affirmé que leur assemblée spéciale mardi dernier était « de toute évidence » une « grève illégale qui privera la population des services auxquels elle a droit ».

 - La nouvelle présidente de leur syndicat a fait peu de cas de cet avis. Elle a démontré qu'elle souhaitait s'inspirer de son « mentor », Jean Lapierre. Doit-on rappeler que les bonnes vieilles méthodes de ce syndicaliste l'ont conduit en prison ? Au début des années 90, lors d'une manifestation ayant viré à l'émeute, les portes de l'hôtel de ville avaient été défoncées à coups de bélier.

 - Il reste plus de deux ans avant l'échéance de la convention collective des cols bleus et ils ont décidé, en toute connaissance de cause, de faire fi des règles du jeu.

Le maire se devait de sévir. Les punir pour éviter qu'ils récidivent. Avait-il besoin d'être aussi impitoyable ? Probablement pas.

Des griefs seront déposés et les sanctions risquent fort, d'ailleurs, d'être atténuées.

Atteindre l'équilibre entre la riposte et la confrontation n'est jamais chose facile. Mais il est clair que l'affrontement entre les cols bleus et la Ville doit prendre fin.

On ose espérer que les cols bleus ont compris que l'intimidation est inacceptable. On espère aussi que Denis Coderre, pour sa part, comprend que faire peur peut devenir contreproductif. Même pour un shérif.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion