« Nous nous sentons comme si nous sommes sortis de l'enfer et nous sommes venus au paradis ! »

Kevork Jamkossian est descendu avec sa femme et un enfant de 16 mois, tôt hier matin, du premier avion affrété par le gouvernement canadien pour transporter des réfugiés syriens. Il faisait partie du groupe (163) accueilli à Toronto en grande pompe. Ce soir, un deuxième avion en transportant plus d'une centaine doit atterrir à Montréal.

« C'est un moment dont nous allons tous nous souvenir pendant des années », a dit Justin Trudeau, qui était de passage à l'aéroport de Toronto pour l'occasion. L'initiative risque bel et bien de passer à l'histoire. Un peu comme lorsque le pays a ouvert ses portes à 60 000 réfugiés en provenance d'Asie du Sud-Est en 1979 et 1980.

Le souvenir sera d'autant plus tenace qu'on se rappellera que notre générosité à l'égard des Syriens survient à un moment où le discours antimusulman a pris un essor préoccupant dans bon nombre de pays occidentaux. Un moment, aussi, où des fous de Dieu commettent des actes barbares au nom de la religion musulmane et jettent encore plus d'huile sur le feu.

Le Canada, ces jours-ci, peut se féliciter d'être aux antipodes des États-Unis.

L'impact sur la société américaine des nombreux commentaires incendiaires de Donald Trump et d'autres politiciens républicains commence à se faire sentir. On a appris cette semaine qu'ils ont eu un effet énergisant sur les mouvements suprémacistes blancs, comme le Ku Klux Klan.

Ceci étant dit, ces dérives doivent aussi nous interpeller. Nous faire réaliser que nos leaders doivent continuer d'informer et de dédramatiser l'arrivée de ces réfugiés. Bref, rassurer. Encore et encore.

Il faut dire et redire que, oui, le gouvernement tente de traiter ces Syriens aux petits oignons dans le but de faciliter leur intégration (sachant aussi qu'ils seront moins longtemps aux crochets de l'État). Mais que, non, ils n'auront pas de passe-droits, contrairement à ce que certains commentateurs insinuent ces jours-ci. « Les mêmes services sont offerts à tous les réfugiés », nous a répété hier la ministre de l'Immigration, Kathleen Weil.

Par exemple, non, on n'accordera pas de subventions uniquement aux entreprises qui offriront des emplois aux réfugiés syriens. Un programme existe déjà et il s'adresse à tous les « immigrants et minorités visibles », explique-t-on à Québec. « Parce qu'ils sont sous-représentés sur le marché de l'emploi. »

L'une des rares exceptions faites par Québec, c'est la création d'une clinique médicale dans l'ancien hôpital Royal Victoria. Ce qui s'imposait, en raison du nombre de réfugiés qui arrivent ici en si peu de temps. Sans compter les traumatismes qu'ils ont dû vivre.

Il y aura des ratés au cours des prochains mois, c'est certain. Mais ne perdons jamais de vue que nous offrons un refuge et de l'espoir à des rescapés de « l'enfer ».

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