Il y a d'abord eu la banderole, accrochée au-dessus d'une autoroute de Québec, sur laquelle on pouvait lire « Réfugiés non merci ! ». Il y a maintenant une pétition. « Non à l'immigration des 25 000 réfugiés. » Elle a déjà été signée par plus de 30 000 personnes. Ils souhaitent que le gouvernement canadien revienne sur sa décision de tendre la main aux Syriens en détresse.

L'objectif de ces agitateurs, dans la foulée de l'horrible carnage qui a eu lieu à Paris : nous faire croire que les réfugiés sont tous des terroristes potentiels.

Certains politiciens ultraconservateurs, particulièrement en Europe et aux États-Unis, tiennent aussi ce discours. « C'est de la folie », a lancé le républicain Donald Trump, promettant que les réfugiés syriens « s'en retourneront chez eux » s'il est élu. Du même souffle démagogique, il a montré du doigt le contrôle des armes à feu en France. La situation aurait été « très différente » à Paris, selon lui, si les Français « avaient le droit de porter des armes ».

Fort heureusement, de ce côté-ci de la frontière, nos politiciens ont fait entendre la voix de la raison.

« Surtout, ne permettons pas à ces barbares de remporter la moindre victoire contre nos sociétés, par exemple, en tournant le dos à ces milliers de personnes qui viennent chez nous chercher la paix et la tranquillité », a déclaré Philippe Couillard.

« Les réfugiés syriens fuient ces terroristes-là. Il faut garder le cap. » - Denis Coderre

Montréal devrait recevoir la majorité des quelque 5700 Syriens qui trouveront refuge au Québec.

Les craintes quant à l'accueil des réfugiés se sont intensifiées avec l'annonce de la découverte d'un passeport syrien près de la dépouille d'un des kamikazes à Paris. Le nom sur ce document est celui d'un migrant qui est entré en Europe en octobre, via une île grecque. On ne sait pas encore si le kamikaze était bel et bien le détenteur de ce passeport.

Indépendamment des résultats de l'enquête, il faudra néanmoins redoubler d'efforts quant à la vérification des antécédents des réfugiés que nous accueillerons. L'Europe, submergée par les migrants au cours de la dernière année, n'a pas été en mesure de le faire. Il est impératif d'empêcher des djihadistes de s'infiltrer.

Mais nos élus ont raison. On ne peut pas traiter les réfugiés comme des terroristes. Il faut garder son sang-froid.

Accueillir ces sinistrés n'est pas qu'une simple question de solidarité. Ne pas le faire serait donner raison aux idéologues du groupe État islamique. Pour recruter, ils diabolisent les pays occidentaux. Ils dénigrent nos valeurs et nous accusent d'être en guerre contre l'islam. Ils ont tort. Prouvons-le une fois de plus.

N'oublions pas, non plus, qu'un refus d'accueillir ces réfugiés refléterait un repli sur soi. Donc, une manifestation de peur. Or, avoir peur, c'est aussi donner raison aux terroristes. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons? Poser la question, c'est y répondre : surtout pas.

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