« Si Chris n'avait pas été capable de se procurer 13 armes à feu, ça ne se serait pas produit. » Le père de Chris-Harper Mercer, le jeune homme qui a ouvert le feu sur un campus de l'Oregon la semaine dernière, est sous le choc. D'abord en raison de l'ampleur de la tragédie : neuf personnes tuées et sept blessées.

Ensuite, parce qu'il a appris avec stupéfaction que son fils a pu avoir accès à un tel arsenal, a-t-il expliqué aux médias au cours du week-end.

Ses déclarations faisaient écho à celles, quelques jours plus tôt, du président des États-Unis. Frustré, Barack Obama a dénoncé l'apathie d'une majorité de politiciens américains au sujet des armes à feu. « Nos pensées et nos prières ne suffisent pas », a-t-il lancé.

Selon lui, les Américains veulent du changement.

À voir le nombre de fusillades se multiplier sur le sol américain, on pourrait croire que nos voisins se sont habitués à de tels drames. Pourtant, les sondages démontrent qu'ils en ont ras le bol du statu quo.

Vrai, les Américains n'arrivent pas à s'entendre à savoir s'il faut privilégier le droit de posséder une arme (47 % disent que c'est la priorité) ou l'encadrement de ce droit (50 % estiment que c'est ce qui doit primer).

Mais ce débat est purement technique. Le même sondage, effectué par le très sérieux Pew Research Center de Washington, démontre que les Américains sont presque unanimes à vouloir que les armes soient soumises à un contrôle plus strict.

Par exemple, 85 % des Américains exigent de meilleures vérifications des antécédents de toute personne qui achète une arme à feu. C'est près de neuf Américains sur dix. Parallèlement, 79 % se disent en faveur d'une loi qui empêcherait leurs concitoyens qui souffrent de problèmes de santé mentale d'avoir accès à une arme.

Sans compter que 70 % des personnes interrogées souhaitent la création d'un... registre fédéral des armes à feu.

Bref, les Américains ne sont ni insensibles ni dupes. Ils savent que certains de ces drames peuvent être évités. Mais bon nombre de leurs représentants à Washington font la sourde oreille.

« Nous avons des lois sur le port de la ceinture de sécurité, car nous savons que ça sauve des vies », a souligné Barack Obama. Le contrôle des armes à feu découle d'une logique similaire.

Les membres du Congrès américain savent qu'ils peuvent sauver des vies. Qu'il est possible de tenter de juguler ce qui est devenu une véritable épidémie. L'inaction de ces politiciens est aussi troublante que lourde de conséquences. Les familles des victimes d'hier et de celles de demain continueront d'en payer le prix.

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