Vous connaissez Maggie MacDonnell ? C’est la meilleure enseignante au monde, à en juger par le Global Teacher Prize qu’elle a remporté en 2017, l’équivalent du prix Nobel de l’éducation. Et vous savez où elle travaillait ? Oui, au Québec ! Dans le petit village inuit de Salluit.

Malheureusement, ses faits d’armes sont largement passés inaperçus, comme tant d’autres succès du réseau de l’éducation du Québec, auquel on préfère lancer des tomates que des fleurs.

Quand on se regarde, on se désole. Mais quand on se compare, on se console.

L’adage s’applique à merveille à notre système scolaire, qui n’est pas au bord du gouffre, malgré le discours très sombre qui l’entoure : professeurs qui hurlent à la figure de leurs élèves, série noire d’agressions sexuelles dans les écoles, 30 000 professeurs non qualifiés, établissements qui tombent en ruine, augmentation de la proportion d’enfants en difficulté, épuisement du personnel, décrochage des garçons…

N’en jetez plus, la cour (d’école) est pleine !

L’idée n’est pas de nier les problèmes bien réels dans nos écoles. Sauf qu’en martelant sans cesse un message négatif, on décourage ceux qui travaillent avec ardeur dans le domaine de l’éducation et qu’on tente de retenir par tous les moyens.

Au-delà de tout ce qui cloche, il y a une foule de professeurs qui s’investissent dans leur métier bien au-delà de leur description de tâches et qui marquent la vie de leurs élèves. Positivement.

Ce n’est pas un hasard si les enseignants forment l’une des professions qui inspirent le plus confiance au Québec, selon le baromètre de la firme Léger.

Alors que la fin des classes approche, les professeurs méritent qu’on leur dise : « Chapeau ! Votre travail porte ses fruits. »

Il suffit de prendre un pas de recul pour s’apercevoir que le système scolaire québécois, même s’il est loin d’être parfait, se compare très avantageusement à l’échelle provinciale et mondiale.

Les résultats scolaires des élèves québécois sont parmi les meilleurs au monde, selon les tests du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) réalisés par l’OCDE qui mesurent les résultats des élèves de 15 ans, dans 79 pays du monde, selon la compilation la plus récente qui date de 20181.

Pour les compétences globales, le Canada est en tête de peloton, dépassé seulement par Singapour. Et parmi les provinces, le Québec arrive en troisième place, non loin derrière l’Alberta et l’Ontario.

Pour la lecture, le Canada n’est surpassé que par trois pays (Chine, Singapour, Estonie) et le Québec arrive encore en troisième place sur la scène provinciale.

Pour les mathématiques, le Québec obtient un brillant résultat, trônant tout en haut du palmarès, juste derrière la Chine et Singapour, et devant toutes les provinces canadiennes.

Et pour les sciences, le Québec est bon deuxième parmi les provinces, derrière l’Alberta, avec seulement cinq pays devant.

Avouez que ça fait un beau bulletin. Soyons-en fiers.

Il est vrai que les données des tests PISA ont été remises en question dans le passé. En 2015, par exemple, un malheureux boycottage dans les écoles publiques du Québec avait conduit à une sous-représentation de leurs élèves. Mais les résultats du dernier coup de sonde sont fiables. Et la stabilité des résultats dans le temps rassure les psychométriciens.

De toute façon, les résultats des tests PISA sont corroborés par une foule d’autres études.

Deux chercheurs de l’ESG-UQAM ont analysé pas moins de 19 enquêtes internationales et provinciales réalisées entre 1993 et 2018. Ils arrivent à la conclusion que « les élèves québécois, le plus souvent, performent mieux ou aussi bien que ceux des autres provinces ». En outre, le système québécois paraît plus efficace de celui des pays d’Europe du Nord qui sont souvent cités comme des modèles2.

Le plus beau dans tout ça ? Les chercheurs établissent que le système d’éducation du Québec n’est pas plus inégalitaire que celui des autres provinces, contrairement à ce qu’avait affirmé le Conseil supérieur de l’éducation dans un rapport qui avait marqué les esprits en 2016.

Ce constat très dur avait fourni de l’eau au moulin à ceux qui réclament l’abolition du système à trois vitesses (public, public à vocation particulière et privé). Mais après avoir consulté des scientifiques, le Conseil a fait une mise au point3.

Cela ne veut pas dire que notre système est parfaitement équitable. Pas du tout. D’ailleurs, on sait que la COVID-19 a été particulièrement néfaste pour les plus défavorisés.

Il demeure donc crucial de favoriser l’égalité des chances à l’école, si on ne veut pas créer des fossés qui seront maintenus jusqu’à l’âge adulte.

Il est inacceptable que les services publics soient sous-financés et que les jeunes qui ont besoin d’aide restent sur leur faim. Aidons-les ! Repérons dès leur plus tendre enfance les enfants à risque d’échouer pour les amener vers le haut.

Si on réduit les écarts à l’école en tirant vers le bas ce qui fonctionne le mieux, on ne sera pas plus avancé.

Il est sain d’avoir des débats à propos de l’éducation, comme on l’a vu cette semaine lors des auditions entourant le projet de loi du ministre Bernard Drainville. Mais à travers ces débats, ne perdons pas de vue tout ce qui va bien dans nos écoles.

1. Consultez les Résultats canadiens de l’étude PISA 2018 de l’OCDE 2. Consultez l’étude de l’ESG-UQAM 3. Consultez le rapport du Conseil supérieur de l’éducation Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion