Depuis la semaine dernière, la STM ne peut plus assurer son service « 10 minutes max » sur les huit lignes d’autobus où il était encore offert, une conséquence de la coupe des services annoncée avant les Fêtes.

La directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, a expliqué au micro d’ICI Première que dans les faits, il s’agirait d’ajustements sur des lignes moins empruntées. En contrepartie, la STM aurait augmenté l’offre sur des trajets plus achalandés.

La nouvelle est tombée dans l’indifférence quasi générale.

On dira que ce n’est pas la fin du monde d’attendre une minute ou deux de plus pour prendre le bus. Les applications mobiles – encore mal connues des usagers – permettent de mieux planifier les déplacements.

Mais cette annonce concrétise ce que la STM annonce depuis plusieurs mois déjà : avec un déficit de 78 millions de dollars, elle n’aura pas le choix de réduire certains services.

Or, l’accumulation d’irritants provoqués par une diminution des services pourrait créer un cercle vicieux qu’il faut éviter à tout prix.

À un moment où il est urgent de diminuer le recours à l’auto, il faut encourager les gens à choisir l’option des transports collectifs, pas les décourager.

Les usagers de la STM paient déjà très cher leur titre de transport, davantage que dans bien des grandes villes à travers le monde. Un passage unique coûte 3,50 $ à Montréal alors qu’il est de 3,25 $ à Québec, 2 $ à Paris, 2,90 $ à Lyon, 2,75 $ à New York et 2,50 $ à San Francisco.

Est-ce que les usagers de la STM estiment recevoir le service pour lequel ils paient ? Impossible de savoir s’ils manifestent de l’insatisfaction : quand nous avons demandé à la STM si le nombre de plaintes des usagers avait augmenté, on a malheureusement refusé de nous répondre, nous invitant à faire une demande d’accès à l’information. C’est déplorable.

Cela dit, la situation à la STM n’est pas unique. On l’observe dans un très grand nombre de villes occidentales. Infrastructures vieillissantes, déficit d’entretien, baisse d’achalandage due à la COVID et à la popularité du télétravail… Résultat : une baisse de revenus et des coupes dans les services.

Aujourd’hui, pratiquement toutes les sociétés de transport réclament un financement gouvernemental prévisible et récurrent.

D’ici à ce que le gouvernement Legault se décide à considérer un nouveau modèle d’affaires qui assurera la pérennité et le développement des réseaux de transport collectif au Québec, il faut éviter la pente descendante.

Or, il suffit d’emprunter régulièrement les transports publics pour noter une dégradation de l’expérience.

Dans le métro, par exemple, les incidents se multiplient. Il n’est pas rare d’être interpellé par une personne qui souffre de problèmes de santé mentale ou d’intoxication. Et dans certaines stations de métro, on se sent moins en sécurité qu’avant.

Or, qui dit sentiment d’insécurité dit baisse de l’achalandage.

On l’observe déjà à New York. Un sondage mené le printemps dernier révélait que 60 % des usagers disaient prendre le métro moins souvent pour des raisons de sécurité.

Même scénario à Toronto, où le syndicat représentant les constables, les inspecteurs et le personnel de sécurité de la Commission de transport de Toronto réclame une meilleure protection de ses membres en réponse à la hausse des évènements violents au cours de la dernière année.

Même si la STM dit noter une augmentation des interventions de ses agents de sécurité sur son réseau pour des incidents en lien avec la toxicomanie et l’itinérance, la situation à Montréal ne se compare pas à celle de New York et de Toronto.

Mais pour combien de temps encore ?

Les automobilistes sont très bruyants quand il est question de leur bien-être, qu’il s’agisse du coût de l’essence, de la congestion routière ou de l’état des routes. Les usagers des transports publics devraient, eux aussi, faire entendre leur voix.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion